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14 janvier : L’étrange silence de l’UGTT, pourtant doublement bafouée

14 janvier : L’étrange silence de l’UGTT, pourtant doublement bafouée

Les appels à la mobilisation fusent à quelques jours du 14 janvier, lequel a perdu ses lettres de noblesse de fête de la Révolution par la seule volonté du tout-puissant chef de l’Etat, Kais Saied. Si la Tunisie fonctionnait normalement, avec des institutions qui vont avec, le président de la République n’aurait pas pu agir de la sorte avec les symboles de la Révolution. Mais voilà, il faut dire aussi que ce que nous appelons classe politique a donné le bâton pour se faire battre, avec toutes ces dérives qu’elle a collectionnées depuis le 14 janvier 2011. Ces mêmes hommes et femmes politiques s’apprêtent à tenter de refaire le match, en appelant à défiler massivement ce vendredi. Et l’UGTT dans tout ça ?

Tout le monde guette l’attitude de la centrale syndicale. En effet cette dernière a été doublement offensée par Kais Saied : d’abord en décidant unilatéralement de mettre en branle sa propre Consultation nationale, sans même se donner la peine de consulter Noureddine Taboubi et compagnie, tout cela précédé par des déclarations fracassantes sur l’échec cuisant du Dialogue national de 2013. La deuxième offense publique est justement cette fête de la Révolution que le président de la République a décidé, tout aussi unilatéralement, de déplacer au 17 décembre. Alors que le 14 janvier pèse lourd aux yeux de l’UGTT…

Personne n’ignore les faits d’armes de l’UGTT le fameux 12 janvier 2011, quand une grève générale fut décrétée à Sfax pour dénoncer la répression sanglante du soulèvement populaire de décembre 2010 par le régime de Ben Ali. Des dizaines de milliers de Sfaxiens avaient alors envahi les rues, bravant les forces de l’ordre et le couvre-feu, une pression qui a pesé très lourd sur les épaules du dictateur. Jusqu’à son départ 2 jours plus tard. Donc effacer d’un trait le 14 janvier dans les annales de l’histoire est forcément mal perçu par l’UGTT. Et pourtant…

Alors que l’opposition (à part Abir Moussi qui n’a toujours pas affiché la couleur, embarquée dans ses autres combats) a décidé d’agiter la rue pour contester le fait que Kais Saied ait touché un symbole national sans aviser quiconque, faisant fi de la levée de boucliers, silence radio du côté de l’UGTT. Alors qu’elle aurait dû être la première à se dresser contre le projet du chef de l’Etat. On sait que Taboubi avait dénoncé les intentions présidentielles le 14 décembre 2021, mais il l’avait fait assez mollement et la chose avait été noyée dans un flot d’autres préoccupations sociales et économiques. C’est d’ailleurs toujours le cas, à 4 jours d’une date qui pourtant compte beaucoup pour la centrale syndicale…

Jusqu’à ce lundi 10 janvier, l’UGTT fait le dos rond et regarde ailleurs. Il est très probable qu’il en sera ainsi le 14 janvier vu qu’une manifestation ça s’annonce des jours avant et puis ça se prépare. Donc Kais Saied manifestement peut être tranquille sur le front syndical, pour le moment. Par ailleurs trois autres facteurs jouent en sa faveur : le fait que le 14 janvier ne soit plus un jour férié, donc il sera très difficile de mobiliser dans la rue les employés, et ce n’est même pas la peine de leur demander de poser un jour de congé juste pour ça. Et encore moins pour grossir les rangs de militants de partis dont la cote de popularité frôle le zéro. Enfin il y a la Coupe d’Afrique des nations, laquelle est un puissant vecteur de paix sociale…

Le président de la République n’a pas grand chose à craindre du 14 janvier 2022. C’est pour après qu’il a du souci à se faire. Et ça commence dès la fin de la fête du football africain, le 6 février 2022, date de la commémoration de la disparition tragique de Chokri Belaid…

 

 

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