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2.4 Millions de tunisiens menacés par l’assèchement total de leurs ressources, dans un avenir proche…

2.4 Millions de tunisiens menacés par l’assèchement total de leurs ressources, dans un avenir proche…

Il est difficile de mesurer avec certitude la population active, les chômeurs, les marginaux (hors recensement) et les personnes exerçant les travaux précaires, dans une économie où le secteur informel (non structuré) est très important dans la vie économique d’un pays. La Tunisie est un cas d’école en la matière vue l’ampleur du secteur non structuré qui devance actuellement, selon plusieurs estimations, le secteur formel notamment en matière d’emplois et de flux financiers qu’il génère.

D’après l’organisation internationale, la population active concerne les personnes âgées de 15 ans et plus exerçant ou déclarant chercher à exercer une activité rémunérée, elle regroupe donc les personnes non occupées mais qui cherchent un emploi, âgées de 18 à 59 ans (les chômeurs), les autres personnes non occupées âgées de 15 à 17 ans et plus et les actifs occupés effectivement (18 à 59 ans).

Selon l’institut national de la statistique, la population active est de 4190.3 individus fin 2019 contre 4152.5 en 2018, 4119 fin 2017 et 4069.2 au terme de 2016.

D’après une étude élaborée par le Forum Tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES), parue en 2018, les politiques nationales de l’emploi consacrent la création du travail précaire et instable. Selon l’étude, 54.4% des travailleurs occupent des postes de travail « atypiques » et ce, selon les normes internationales en vigueur.

Mieux encore, 44% des travailleurs tunisiens sont employés sans contrat de travail ce qui veut dire qu’ils travaillent au noir, 11.4% des travailleurs sont employés en vertu de contrat à durée déterminée

Le FTDES rappelle, aussi, l’existence d’une forte corrélation entre la précarité du travail et les disparités au niveau des taux d’analphabétisme, de la pauvreté et de l’état des déséquilibres régionaux.

Sur un autre plan, l’Institut tunisien de la compétitivité et des études quantitatives (ITCEQ) a publié en 2016 une étude qui a dévoilé que le marché du travail en Tunisie se caractérise par quatre éléments majeurs : un chômage élevé (15% en moyenne annuelle), une inadéquation entre la formation et l’emploi, un chômage de longue durée très important (33%) et un chômage des jeunes assez significatif (32%), en particulier celui des diplômés du supérieur (33%).

D’après l’ITCEQ, outre le chômage, l’économie tunisienne se caractérise par un faible taux d’activité égal à 47% et incapable d’utiliser pleinement son facteur travail. Ceci se résume par le faible taux d’emploi à savoir 40%. La dégradation de la situation de l’emploi s’est accélérée avec le ralentissement de la croissance, depuis plusieurs années.

Ceci veut dire, compte tenu des données de l’INS qui se rapportent au recensement de la population active et du taux d’emploi avancé par l’ITCEQ, qu’au moins 2.4 millions de tunisiens ne disposeront pas de ressources stables en raison de la précarité de leurs conditions du travail et de leur statut « atypique », au sens présenté par l’étude susmentionnée du FTDES.

Cette population ne pourrait pas résister longtemps, à l’assèchement total de leurs maigres ressources sachant que la majorité des individus qui la composent sont des journaliers, des vendeurs à la sauvette ou des personnes pratiquant des activités informelles complètement marginales et fragiles.

Au maximum, cette population sinistrée ne pourrait tenir le coup que dans un délai court ne dépassant pas les deux semaines à avenir dans cet état de confinement total surtout en l’absence d’une stratégie de prise en charge de leur besoins vitaux pour alléger leur situation de détresse matérielle et sociale extrême.

Il est inquiétant qu’actuellement en Tunisie, un nombre assez important de travailleurs souffrent de conditions de travail précaires, incertaines et imprévisibles et soient de plus en plus exposés aux chocs notamment d’aspect productif généralisé.

Cette situation est jugée complexe par un rapport de la Fondation européenne pour la formation (ETF), paru en août 2019, intitulé « Marché du travail, dynamique des compétences et politiques d’emploi en Tunisie ».

Le rapport s’est concentré particulièrement sur les jeunes et les femmes, qui ne trouvent que des emplois précaires par nécessité. Nombreux sont ceux, surtout les femmes, qui abandonnent et quittent le marché du travail : ce sont les inactifs découragés (comptés parmi les actifs selon la définition large de la population active).

L’ampleur du problème actuel qui a dévoilé un échec au niveau des filets de protection sociale, appelle à une action coordonnée et structurée basée sur la lutte contre l’érosion du marché structuré du travail.

Tout plan d’action devrait prendre en compte les conditions particulières des franges sociales qui sont les plus touchées par le travail précaire et la conception d’un tel plan devrait s’appuyer sur une analyse multidimensionnelle de la précarité de ces travailleurs.

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