Economie

25 Milliards de Dinars : Les Bons du Trésor en Tunisie franchissent un nouveau palier critique

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Dans un contexte économique turbulent, marqué par des conditions de financement extérieur de plus en plus contraignantes, le Trésor tunisien a dû naviguer des eaux tumultueuses pour assurer la fluidité financière de l’État. La pression exercée sur la liquidité nécessaire au bon fonctionnement des rouages étatiques a atteint des sommets inédits en cette fin d’année.

Face à cette situation, le Trésor a pris la décision de se tourner vers le marché intérieur de la dette. Une mesure audacieuse qui a porté ses « fruits », se traduisant par un encours record de 25 milliards de dinars à la fin du mois de novembre dernier. Ce chiffre impressionnant représente une augmentation significative de 2,4 milliards de dinars, soit une progression de 10,5% par rapport à la même période en 2022.

Risques accrus

Un examen plus approfondi révèle que l’encours des Bons du Trésor à Court terme (BTC) a explosé, passant de 6.128 millions de dinars à fin novembre 2022 à une somme remarquable de 9.543 millions de dinars à la fin du même mois en 2023. Cette croissance vertigineuse représente une augmentation sans précédent de 55%.

En revanche, l’encours des Bons du Trésor Assimilables (BTA) a connu une dynamique différente, atteignant 15.433 millions de dinars. Cependant, cette somme marque une légère baisse de 1 milliard de dinars, équivalant à un recul de 6% par rapport au niveau enregistré à la fin des onze mois de l’année précédente.

Ces ajustements témoignent de la complexité du maintien de l’équilibre financier de l’État, notamment en période de difficultés économiques. Ils reflètent également la nécessité impérieuse de s’adapter aux conditions changeantes du marché financier, tant intérieur qu’extérieur.

Dépendance à la dette intérieure

A la fin du troisième trimestre de 2023, l’État n’avait réussi à mobiliser que 42% des emprunts extérieurs prévus pour l’année en cours, totalisant 4.458 millions de dinars. Cette donnée souligne l’ampleur du défi auquel est confronté le Trésor pour garantir les fonds nécessaires à ses opérations, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays.

La Tunisie se trouve dans une situation où la dépendance accrue à la dette intérieure représente un défi économique majeur. Avec des pressions croissantes sur les finances publiques et des difficultés à mobiliser les emprunts extérieurs prévus, le recours accru aux marchés intérieurs pour financer les besoins de l’État expose l’économie à des risques considérables.

Cette stratégie peut engendrer une concurrence pour les ressources locales, exacerber la pression sur les taux d’intérêt, et rendre l’État plus vulnérable aux fluctuations économiques internes. De plus, la dépendance à la dette intérieure peut affecter la confiance des investisseurs étrangers, compromettant ainsi les flux d’investissements extérieurs cruciaux pour la croissance économique à long terme.

Dans cette conjoncture financière délicate, chaque décision du Trésor revêt une importance capitale pour maintenir la stabilité économique. L’équilibre entre la dette intérieure et extérieure demeure un défi majeur, et la recherche continue de cette balance représente un impératif stratégique pour l’avenir économique de la Tunisie.

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Publié par
Mohamed Ben Abderrazek