Economie

52% des tunisiens estiment que les changements climatiques ont affecté leurs revenus

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La Banque Européenne d’Investissement (BEI) vient de publier hier lundi 20 décembre 2022, les principales conclusions de la première édition africaine de son enquête 2022 sur le climat. La BEI se présente comme bras financier de l’Union européenne et premier bailleur de fonds multilatéral au monde pour des projets à l’appui de l’action climatique. Depuis 2018, elle assure avoir menée des enquêtes à grande échelle comparables sur le climat en Europe, en Chine et aux États-Unis.

Menée en partenariat avec une société d’études de marché, la première édition africaine de l’enquête de la BEI sur le climat vise à nourrir le débat général sur les comportements et les attentes en matière d’action en faveur du climat, selon la BEI.

Portée de l’enquête

Plus de 6 000 personnes interrogées, dont 500 en Tunisie, âgées de 15 ans et plus, issues de 10 pays africains, ont participé à l’enquête entre le 1er et le 25 août 2022, avec un panel représentatif pour chacun des pays examinés.

Les pays couverts sont le Maroc, la Tunisie, l’Égypte, la Jordanie, le Kenya, l’Afrique du Sud, l’Angola, le Cameroun, le Sénégal et la Côte d’Ivoire.

Leila Chikhaoui-Mahdaoui, Ministre de l’environnement a déclaré, en marge de la présentation des résultats de l’enquête : « Le sondage effectué par la Banque européenne d’investissement montre, si besoin était, que les changements climatiques affectent déjà la population tunisienne. La Tunisie est l’un des pays les plus vulnérables aux dérèglements climatiques, à la raréfaction des ressources en eau et à l’érosion des côtes. Au-delà de la prise de conscience et du changement des comportements, des investissements sont nécessaires pour limiter les conséquences

Ricardo Mourinho Félix, Vice-président de la BEI, a déclaré : « La BEI intervient en Tunisie depuis 1979. Elle travaille en étroite collaboration avec le gouvernement tunisien et des partenaires privés pour accélérer les investissements dans l’action climatique, y compris les investissements à grande échelle dans les énergies propres, l’efficacité énergétiques, les transports durables, l’eau et l’assainissement. »

Changements climatiques et dégradation de l’environnement

Les résultats de l’enquête confirment que les changements climatiques ont eu des effets négatifs sur les moyens de subsistance des Tunisiens, 52% d’entre eux ayant déclaré que leurs revenus ont été affectés. Ces pertes sont généralement liées, d’après l’institution financière, à des sécheresses intenses, à l’élévation du niveau des mers ou à l’érosion côtière, ainsi qu’à des phénomènes météorologiques extrêmes tels que des inondations ou des ouragans.

L’enquête révèle qu’au total 43% des Tunisiens (contre 57% pour la moyenne des Africains) affirment qu’ils ont, eux-mêmes ou l’une de leurs connaissances, déjà agi pour s’adapter aux effets des changements climatiques ; Certaines de ces initiatives comprennent des investissements dans des technologies permettant de réaliser des économies d’eau afin de réduire l’impact de la sécheresse et dans le curage de canalisations en prévision d’inondations.

Investissements dans les sources d’énergie

Interrogés sur la source d’énergie dans laquelle leur pays devrait investir pour lutter contre les changements climatiques, les résultats du sondage dévoilent que 83% des Tunisiens (contre 76 % pour la moyenne des Africains) ont déclaré que la priorité devrait être donnée aux énergies renouvelables, loin devant les combustibles fossiles (7%).

La BEI assure qu’elle a fourni plus de 2,1 milliards d’euros de financement à la Tunisie depuis 2011 afin d’appuyer une croissance inclusive et durable, à la fois dans le secteur public et le secteur privé. Il s’agit notamment d’un prêt de 70 millions d’euros au ministère tunisien de l’éducation pour moderniser les lycées du pays.

Elle note, également, qu’elle intervient en Afrique depuis 1965 et depuis lors, elle a investi 59 milliards d’euros dans 52 pays africains, à l’appui de projets d’infrastructures, d’entreprises innovantes, d’aménagements dans le secteur des énergies renouvelables, ainsi que d’entités publiques et privées, allant de micro-entreprises aux plus grandes multinationales.

L’Afrique doit accroître les dépenses consacrées aux changements climatiques de plusieurs centaines de milliards d’euros par an, déplore la BEI.

Le Groupe BEI a rappelé qu’il a récemment adopté la Feuille de route de la banque du climat pour l’aider à réaliser son programme ambitieux visant à soutenir la mobilisation de 1 000 milliards d’euros d’investissements pour l’action en faveur du climat et la durabilité environnementale de 2021 à 2030 et à porter la part des financements qu’elle leur consacre à plus de 50 % d’ici à 2025. Dans le cadre de la Feuille de route, depuis début 2021, toutes les nouvelles opérations du Groupe BEI sont alignées sur les objectifs et principes de l’accord de Paris.

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Publié par
Mohamed Ben Abderrazek