A la une

Tunisie – Dans la guerre des deux présidents, toutes les alliances sont permises

Tunisie – Dans la guerre des deux présidents, toutes les alliances sont permises

La crise politique dans laquelle le pays a sombré, depuis les dernières élections, n’est pas près de s’achever. Il est, même, attendu qu’elle s’approfondisse davantage. Car, derrière cette façade de crise politique, bien qu’elle soit d’une gravité certaine, se cache un problème bien plus profond et plus grave. Il s’agit d’une guerre pour le pouvoir entre les deux présidents, le Cheikh Rached Ghannouchi, et Kaïs Saïed qui a fait preuve de beaucoup d’ingratitude envers celui qui estime avoir rendu son élection possible en donnant des consignes pour voter en sa faveur, devant le risque de voir atterrir au palais de Carthage, son ennemi de l’époque, Nabil Karoui.

En effet, entre les deux tours des présidentielles, le Cheikh a calculé son coup, et a estimé qu’il pouvait se mettre dans la poche le candidat Kaïs Saïed, qui était, somme toutes, novice dans la jungle de la politique, en annonçant publiquement qu’il avait donné ces consignes de vote en sa faveur. Mais, à ce qu’il parait, Kaïs Saïed avait de la suites dans les idées, et n’entendait pas se soumettre à Ennahdha. Bien au contraire, il nourrissait le projet, à peine caché, de l’anéantir, ainsi que tous les autres partis politiques.

C’est alors que le Cheikh a décidé de changer son arme d’épaule, et est revenu à 9alb Tunes et son président Nabil Karoui. En effet, ne dit-on pas que « l’ennemi de mon ennemi est mon ami » ? Et les deux hommes se sont retrouvés dans l’adversité envers Kaïs Saïed.

Sauf que les « dignitaires » de la Choura d’Ennahdha, ne voulaient pas d’une alliance avec 9alb Tounes, après qu’ils se soient évertués à l’étiqueter de « parti corrompu ». Et le Cheikh a du leur sortir le grand jeu. Celui de la sincérité. Il leur a expliqué qu’après avoir fini avec 9alb Tounes, Kaïs Saïed n’allait pas manquer de se tourner vers eux, les islamistes, pour les écarter une fois pour toutes de la sphère du pouvoir. L’autre argument présenté par Ghanouchi à ses hommes, c’est qu’il ne fallait pas s’entêter à exclure 9alb Tounes, ce qui ne ferait que renforcer et fortifier l’opposition qu’ils auront à affronter sous le dôme du Bardo. Il leur a demandé de s’imaginer en train de subir la hargne du PDL et de 9alb Tounes, en même temps. C’est alors que ces Sieurs de la Choura auraient compris les enjeux, et seraient revenus à de meilleurs sentiments vis-à-vis de 9alb Tounes, puisqu’il leur fallait son aide pour faire face à l’offensive de leurs détracteurs. Sachant que, plus tard, ils pourraient, toujours, se débarrasser de cet allié contre nature, comme ils ont, si bien, su le faire avec tant d’autres.

Et entretemps, et malgré tout ce qu’il pense, Elyes Fakhfakh aura son sort suspendu à la bonne volonté du Cheikh, et non pas à celle de Kaïs Saïed. Car si Ennahdha n’est pas avec lui, il est hors de question pour Fakhfakh de pouvoir obtenir la confiance à l’ARP. Et cette épée de Damoclès restera suspendue au dessus de la tête du chef de gouvernement, bien après  le vote de confiance. Car au moindre faux pas, il risque de se faire éjecter, sur une simple motion de censure de la part du Cheikh. Et on gage que celui-ci va, pour l’instant, tout faire pour faire durer le plaisir, et le suspense, pour ne répondre aux sollicitations de Fakhfakh qu’au dernier moment, quand tous les délais seront consommés.

Que se passe-t-il en Tunisie?
Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!

Commentaires

Haut