Economie

Spéculation : Quand « le crime de guerre » reste impuni.

Spéculation : Quand « le crime de guerre » reste impuni.

Il y a quelques jours en direct, le chef du gouvernement Elyes El Fakhfekh a annoncé que la Tunisie est en guerre contre le Coronavirus. Plusieurs mesures ont été annoncées en faveur des entreprises et des citoyens notamment ceux en situation fragile.

Le chef du gouvernement, dans son allocution n’a pas mâché ses mots en pointant du doigt les spéculateurs qui s’enrichissent sur le dos du tunisien en cette période difficile. Ces pratiques sont déclarées comme étant des crimes de guerre. Les spéculateurs sont des criminels de guerre déclarés.

Le ton est lancé et le gouvernement a bien rassuré les tunisiens en leur promettant d’être omniprésent mais aussi intolérant face à tout dépassement mettant en danger la sécurité des citoyens.

Depuis le passage au stade épidémique du corona, la Tunisie subi sans relâche les assauts des vautours venant se goinfrer sur le dos du plus faible, du plus fragile.

Ces intervenants dans la chaîne de la distribution ne sont pas comme l’a tout le temps présenté le Ministère du Commerce des intermédiaires externes au circuit.

Non, malheureusement ce sont des acteurs ‘‘officiels’’ de la chaîne et ‘’non ponctuels’’ au contexte qui abusent de la panique de la population pour réduire l’offre, dicter l’approvisionnement et faire flamber les prix. Ces spéculateurs n’ont pas un simple ascendant psychologique porté par la force de la rumeur mais une puissance réelle avec des entrepôts pleins à craquer aux yeux et à la vue de tous.

Si l’on prend le fameux exemple de la farine et de la semoule, ces denrées ont quasiment disparu des étalages des commerces, de la grande distribution aux commerces de quartiers.

Dans une interview accordée à Myriam Belkhadi, dans son émission Tounes El Yaoum du 23 Mars, le ministre du Commerce M. Mohamed Msilini a assuré que le Ministère a pris les choses en main. Pour ce qui est de la farine et de la semoule, le ministre a assuré que la consommation a grimpé de 1600 tonnes/jour pour la semoule à 2600 tonnes/jour. Pour ce qui est de la farine, la consommation a grimpé de 1900 tonnes/jour  à 2500 tonnes/jour. Le ministre n’a pas hésité à qualifier cette surconsommation de ‘‘ تكالب / se ruée folle ‘‘ et de ‘‘تلاهف/ frénésie’’.  Pour s’en sortir le ministre a parlé de perturbations dans le système de de compensation et des quotas….

Le ministère a dû intervenir pour approvisionner certaines régions en priorité en semoule et en deuxième priorité en farine puisque le pain est disponible. Le ministre du Commerce n’a pas hésité à sortir ‘‘une vieille arme usée’’ celle de la consommation de certains métiers pour la préparation de makroud et de pâtisseries. Comme si le tunisien cherchait ces produits en cette période de pandémie pour se sucrer le bec !

Le ministre s’est repris de suite en annonçant que ces labos de préparation ont été fermés ! Du coup ces quantités seront injectées dans le marché.

Msilini a rajouté que compte tenu des problèmes logistiques des régions rurales, l’approvisionnement dépend des grossistes dans les gouvernorats et les délégations. Des instructions ont été données aux directeurs régionaux pour réserver la part la plus importante aux régions rurales. D’ici peu il n’y aura plus de problèmes rassure le ministre du Commerce puisque la matière première en blé dur et blé tendre est disponible en quantités suffisantes.

Pour faire face aux spéculateurs, les 600 contrôleurs du ministère du Commerce ont fait un effort louable en effectuant juste pour le mois de mars plus de 12.000 contrôles. Pas moins de 1600 procès-verbaux ont été rédigés, de grandes quantités de marchandises ont été saisies et des décisions de fermeture de magasins émises. Un grand merci à ces agents de contrôle qui travaillent sans relâche, malgré les moyens limités, pour protéger le citoyen.

Reste que la semoule et la farine demeurent introuvables tant dans les grandes villes que les villages.

Où sont passés ces produits ? Où sont les quantités produites par les meuneries et distribuées sous la supervision étroite du ministère du Commerce.

Le 25 mars soit deux jours après le passage à la télé du ministre du Commerce, Tunisienumérique a alerté dans un article  que le numéro vert du ministère du Commerce n’était pas fonctionnel.

Comment le citoyen pouvait porter plainte ? Le confinement sanitaire général l’oblige à rester chez lui et à ne se déplacer qu’en cas d’extrême nécessité, notamment pour s’approvisionner en produits alimentaires. Ces sorties sont limitées autant que possible. La spéculation est d’un autre côté devenue illimitée.

En témoignent plusieurs épiceries de quartier qui n’ont pas reçu d’approvisionnement depuis plusieurs jours. D’autres épiciers ‘‘puissants’’ absorbent la marchandise des rares camions d’approvisionnement qui s’adonnent à leur tour à la loi du plus offrant ou de la vente forcée.

Au marché de Menzah 9 par exemple, une épicerie a acheté toute la semoule et farine du fournisseur,  selon les propos des autres commerçants du même marché. Ce commerçant qui ne fait pas l’unanimité auprès-même de sa communauté des gens du métier propose le paquet de semoule de 1kg à 2 dinars. Il n’y a aucun affichage des prix sur les autres produits dans l’impunité absolue.

Pauvre citoyen, voué à lui-même, au bord d’une dépression générale, on lui reproche toujours son irrationalité.

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