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Russie, réforme de la Constitution : Vladimir Poutine peut rester au pouvoir jusqu’en 2036

Russie, réforme de la Constitution :  Vladimir Poutine peut rester au pouvoir jusqu’en 2036

Le président russe, Vladimir Poutine a remercié, jeudi 2 juillet, ses compatriotes d’avoir validé largement une réforme de la constitution l’autorisant à rester au pouvoir jusqu’en 2036 – un scrutin critiqué en Occident et qualifié de « mensonge » par l’opposition. Dans une allocation télévisée, il a adressé « un grand merci » aux Russes pour leur « soutien et [leur] confiance ». Il a assuré que la réforme offrira une « stabilité intérieure et du temps pour renforcer le pays et toutes ses institutions ».

Plus tôt, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, s’est félicité d’un « référendum triomphal de confiance envers le président Poutine » et d’un « niveau de participation et de soutien extrêmement élevé ».

Selon les résultats finaux, publiés jeudi par la Commission électorale, le vote d’approbation d’un bloc de révisions constitutionnelles s’est conclu par une victoire du « oui » à 77,92 %. L’un des amendements donne à Vladimir Poutine l’option d’effectuer deux mandats supplémentaires à l’issue de l’actuel, en 2024. Il aura ainsi la possibilité de rester au Kremlin jusqu’en 2036, l’année de ses 84 ans.

La révision introduit aussi dans la Constitution des principes conservateurs chers au président – foi en Dieu, mariage réservé aux hétérosexuels, enseignement patriotique –, ainsi que des garanties sociales, comme l’indexation des retraites. M. Poutine fait par ailleurs entrer dans la loi fondamentale le principe de la suprématie de la Constitution sur le droit international.

Autant de mesures destinées, selon lui, à assurer la souveraineté et les traditions russes. Pour ses détracteurs, il s’agit d’inscrire ses principes politiques dans la loi fondamentale afin de faire perdurer son système. S’il n’y a jamais eu de doutes quant à son issue – la réforme ayant été approuvée par le législateur en début d’année et le nouveau texte de la Constitution, déjà mis en vente dans des librairies – les critiques du Kremlin ont dénoncé un vote entaché de fraudes.

Le pouvoir a multiplié les ruses, selon des observateurs, pour s’assurer un succès retentissant et une participation électorale forte, en proposant, par exemple, une loterie avec des cadeaux pour les participants, des bons d’achat, ou encore en organisant des bureaux de vote en pleine rue, dans lesquels la surveillance des urnes était anecdotique.

L’opposant Alexeï Navalny a qualifié le vote d’« énorme mensonge », appelant ses partisans à se mobiliser pour les prochaines élections régionales, en septembre. Dénonçant une atteinte « sans précédent » à la souveraineté du peuple russe, l’ONG Golos, spécialisée dans l’observation des élections, a reçu plus de 2 100 signalements sur de possibles violations, notamment des cas de fonctionnaires contraints de se rendre aux urnes.

« Pressions »

Face à ces accusations, la porte-parole du département d’Etat américain, Morgan Ortagus, s’est dite « préoccupée », évoquant des informations sur « une coercition d’électeurs, des pressions sur les opposants aux amendements et des restrictions imposées aux observateurs indépendants du vote ».

De son côté, Peter Stano, le porte-parole du chef de la diplomatie de l’Union européenne, a enjoint Moscou d’ enquêter sur les irrégularités signalées. L’Union européenne déplore l’absence de campagne, « ce qui a privé les électeurs de l’accès à une information équilibrée et à un débat approprié pour apporter des changements aussi importants », a souligné M. Stano.

Le premier ministre indien, Narendra Modi, proche du président russe, a lui « chaleureusement félicité » jeudi Vladimir Poutine. La présidente de la Commission électorale centrale, Ella Pamfilova, a, pour sa part, jugé qu’il « n’y a aucun doute sur le fait que le vote est valide et légitime », selon l’agence russe Ria Novosti.

Le vote, prévu à l’origine pour avril, avait été repoussé à cause de la pandémie du Covid-19. Pour éviter une trop forte affluence dans les bureaux de vote, il s’est déroulé sur une semaine, jusqu’à mercredi. Le district autonome de Nénétsie, dans l’Arctique, est la seule région de Russie où le « non » l’a emporté, avec 55,25 % des voix, selon le décompte officiel. Ce territoire isolé et peu habité, connu pour ses éleveurs de rennes, pourrait être rattaché prochainement à la région d’Arkhangelsk, ce qui a suscité un mouvement d’opposition local.

Source : Le Monde

 

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