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Par le polytechnicien Hazem Bouzaiane : Crime de non-assistance à un pays en danger… (partie 1)

Par le polytechnicien Hazem Bouzaiane : Crime de non-assistance à un pays en danger… (partie 1)

Plusieurs économistes parlent d’une faillite proche de notre cher pays et de ressources financières inexistantes. Ce n’est pas la peine d’énumérer les indicateurs économiques qui les prouvent.

Je préfère me focaliser sur le futur, En effet, il y a une sorte d’unanimité sur le diagnostic. Ce qui manque c’est la solution.

Ce qu’il nous faut c’est agir immédiatement, trouver des solutions pragmatiques, concrètes et efficaces.

Sortir du gouffre : options disponibles, oui, mais…

Parmi les solutions qu’on entend souvent :

Les grandes réformes : Entreprises étatiques, les caisses sociales, la justice fiscale, le fonds des subventions, les services publiques (santé, éducation, transport), etc.

Toutes ces grandes réformes sont, certes, importantes, voire indispensables, mais avec un peu de recul, on voit bien qu’il y a des prérequis pour entamer et réussir ces grands chantiers. En effet, certaines réformes auront besoin de moyens financiers importants, inexistants pour l’instant, d’autres auront des retombées sociales signifiantes, difficilement « digérables » dans le contexte actuel.

De tels chantiers ont besoin d’un exécutif fort et stable et non pas de ministres sur des « sièges éjectables ».

Lutte contre la corruption ainsi que l’évasion fiscale et douanière : L’idée est d’arrêter l’hémorragie financière et d’utiliser les fonds correspondants pour entamer les grandes réformes et  créer de l’emploi. Pareil, ceci est primordial pour le succès de n’importe quel pays et il faut bien le faire. Est-ce que ça va sortir notre pays du gouffre à court terme? Je ne pense pas, pour plusieurs raisons. D’abord, ces fléaux sont tellement enracinés dans tous les secteurs qu’il faut vraiment une bataille de longue haleine, une bataille contre de gros morceaux, des personnes et sociétés organisées avec des gymnastiques juridiques, procédurales et relationnelles bien ficelées et rodées depuis de longues années. Sans parler de certains dossiers compliqués où les répercussions sociales peuvent être désastreuses, avec comme résultat éventuel un homme d’affaires en prison, des milliers de personnes sans emploi et de l’argent irrécupérable. Ça peut sembler très beau de lancer des slogans populistes où on met tout cela sur le dos d’une volonté politique inexistante, mais ceux qui étaient au pouvoir le savent très bien, ce n’est pas aussi évident que cela.

« Formaliser » l’économie parallèle (informelle) : On entend parler de différents pourcentages avec une quasi-unanimité sur le fait que presque la moitié de l’économie est informelle. Ce qu’on oublie souvent c’est que cela veut dire aussi que la moitié des emplois sont informels. Et donc il faut traiter le dossier avec délicatesse. Exemple classique, si on veut, on peut appliquer aux commerçants du marché Moncef Bey un suivi rigoureux pour en fin de compte les taxer davantage. Le résultat sera la fermeture de ce souk parce que tout simplement le business de ces commerçants est basé sur son aspect informel et le citoyen n’a aucun autre intérêt d’acheter à Moncef Bay à part le prix bas car l’état n’en prélève rien. Là aussi une approche simpliste pour combattre l’économie parallèle est inutile, voire dangereuse. Le sujet est lourd, il faut l’attaquer, certes, mais en tenant compte de toute sa complexité.

Changer la loi électorale : pour introduire le « seuil » et limiter l’accès au Parlement à un nombre restreint de partis politiques. Avec les tensions actuelles, la bipolarité et l’immaturité d’une grande partie de nos partis politiques, même si ça pourra éventuellement améliorer un peu la situation, c’est loin d’être la solution miracle. En effet, il y a un déséquilibre flagrant en faveur du Parlement qui détient, en même temps, le pouvoir législatif et une grosse partie de l’exécutif (puisqu’en fin de compte le chef du  gouvernement est mis en place et/ou destitué par le Parlement). Ce déséquilibre risque d‘être encore plus grand car ce qu’on aura tout simplement ce sont les mêmes partis dominants actuellement mais en plus puissants.

Toutes ces solutions résonnent bien pour un programme électoral ou pour un discours populiste pour attirer la sympathie des citoyens, mais, bien que ces actions soient nécessaires et importantes, sont-elles vraiment le remède magique pour notre détresse ?

A qui la faute ?

Selon les raisonnements classiques actuels :

Une classe politique inefficace ? : la classe politique en Tunisie n’est ni venue sur des chars de guerre ni d’une autre planète, c’est tout simplement le reflet fidèle de notre peuple. D’ailleurs, on en a essayé des centaines (certains étaient vraiment compétents) sur les dix dernières années mais sans beaucoup de différence coté résultats. Admettons-le, dans le contexte actuel, aucun politicien ne pourra changer grand-chose, puisque on se rapproche petit à petit d’un pays « ingouvernable ».

A force de diaboliser la classe politique dans son ensemble (certains politiciens le méritent peut-être !), on finira par ne pas trouver de personnes compétentes à pouvoir/vouloir gouverner.

Un peuple non productif ?: certains sont plutôt supporters du slogan « Si le tunisien (le simple citoyen) ne change pas, rien ne changera»

Il est vrai qu’on est loin d’être les meilleurs de la classe en terme de productivité, assiduité et discipline. Plusieurs indicateurs qui le confirment.

Là, un nième message au peuple (ou plutôt une grande partie) qui parfois génère une nouvelle forme de dictature, la dictature de la rue, message pour travailler et arrêter de se plaindre, pour mettre un terme à la fainéantise, la nonchalance, le laxisme, la théorie du complot, la victimisation.

L’inégalité existe, l’injustice existe, les demandes légitimes existent, mais il faut créer la richesse avant de la se partager. la Tunisie n’a pas besoin d’idées pour dépenser l’argent (les urgences sont multiples) Message au peuple pour ne pas être complice par sa passivité et d’assister son pays en danger.

« Au lieu de se plaindre de l’obscurité, mieux vaut allumer la lumière » (Confucius).

Cependant, on ne changera pas du jour en lendemain et cette fameuse révolution des mentalités ne viendra jamais d’un coup. Il faudra des générations pour espérer un changement radical, qu’il est certainement nécessaire d’initier le plus tôt possible.

Que faire alors ?

Non ce n’est pas un discours obscurantiste désespéré. On peut agir, maintenant. Dans la deuxième partie de cet article, je parlerai de ma perception du premier pas à faire.

( à suivre … )

Hazem Bouzaiane, ingénieur polytechnicien et Master in Business Administration (MBA) de l’université de Manchester. Directeur régional dans une multinationale.

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