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Photo du Jour : Janvier noir

Photo du Jour : Janvier noir

Depuis 2011, chaque mois de janvier a sa part de contestations sociales plus ou moins violentes et de répressions policières aussi. Toutefois, janvier 2021 a été marqué cette fois par une violence policière inouïe. Les ONG nationales et internationales sont unanimes devant l’ampleur et l’intensité de la violence des forces de l’ordre pour mater les manifestations des jeunes des quartiers pauvres et des localités démunies par un désastre économique dû à la corruption généralisée et à l’incompétence des autorités démissionnaires.

Des manifestations ont éclaté le 15 janvier malgré un couvre-feu instauré à l’échelle nationale, de 20 heures à 5 heures du matin, après la diffusion sur Facebook d’une vidéo qui montrait un policier humiliant sans motif légitime un berger dans le gouvernorat de Siliana, dans le nord-ouest du pays. Les protestations se sont propagées dans la région de Kasserine, puis Sidi Bouzid et en quelques jours se sont étendues à Bizerte, Tebourba et Sousse, ainsi que dans les quartiers marginalisés de Tunis.

La réponse à ces manifestations était une violence policière inédite qui vient d’être confirmée par Human Rights Watch aujourd’hui 5 février 2021, qui a déclaré que  dans plusieurs gouvernorats la police semble avoir répondu avec une force excessive aux manifestations réclamant la justice sociale, provoquant la mort d’un homme et arrêtant des centaines de personnes, dont de nombreux mineurs.

Une répression qui a provoqué la mort de Haykel Rachdi, décédé des suites d’un grave traumatisme crânien après l’intervention de la police lors d’une manifestation, le 18 janvier 2021.

Passages à tabac de manifestants dont des mineurs, insultes, utilisation des gaz lacrymogènes de manière disproportionnée, personnes détenues uniquement pour s’être réunies ou exprimées de façon pacifique, le tableau de janvier 2021 est noir.

Des témoins, des reportages et des images examinées par Human Rights Watch indiquent que les manifestations de jour étaient en grande partie pacifiques.

Toujours selon Human Rights Watch, des témoins oculaires ont déclaré que lors de la manifestation pacifique du 23 janvier sur l’avenue Habib Bourguiba, , les forces de sécurité pourchassaient les manifestants, propageaient du gaz lacrymogène et frappaient un grand nombre de personnes à coups de matraques.

Le porte-parole du ministère de l’Intérieur a déclaré le 18 janvier 2021 que les autorités avaient arrêté au moins 630 manifestants dans tout le pays ce jour-là. Il a ajouté que les détenus avaient entre 13 et 25 ans.

L’Association tunisienne pour la justice et l’égalité, travaillant avec la Ligue tunisienne des droits de l’Homme (LTDH) a déclaré qu’au 27 janvier, au moins 1 540 personnes ont été arrêtées lors des manifestations.

Selon plusieurs observateurs, les brutalités policières lors de manifestations de janvier dernier seraient due à une volonté politique du pouvoir en place de réprimer les protestataires et les faire condamner en comparution immédiate à des peines de prison fermes, allant de quelques mois à deux ans de prison en moyenne pour l’exemple. La répression du pouvoir n’aurait pas été aussi sévère si les protestataires n’avaient pas appelé à la dissolution du Parlement et du gouvernement et à mettre fin à la répression de la police.

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