Economie

Analyse – Les tractations politiques entravent la transition énergétique

Analyse – Les tractations politiques entravent la transition énergétique

La baisse des investissements dans le secteur de l’énergie en Tunisie expose le pays à d’énormes pressions notamment l’augmentation des prix du pétrole dans le monde, tandis que les tractations politiques entravent la production et la transition énergétique à un moment où plusieurs pays notamment africains s’orientent vers le développement de la production d’énergies alternatives et d’hydrogène vert.

Depuis plus d’une décennie, la Tunisie souffre d’une baisse continue des investissements dans le secteur de l’énergie et d’une diminution du nombre des projets d’exploration qui ont causé une baisse notable des indicateurs de production de pétrole brut et de gaz naturel par rapport à 2010, et causé une dépendance grandissante vis-à-vis des marchés étrangers de plus de 50%.

Les indicateurs officiels révèlent que le déficit du bilan énergétique primaire s’est élevé à 48% en 2021 contre 10% en 2010, et la dépendance à l’approvisionnement en hydrocarbures a conduit à une augmentation du financement de la balance énergétique, de l’électricité et du gaz d’environ 5,1 milliards de dinars, selon la loi de finances qui a basé ses hypothèses sur 75 dollars le baril de pétrole.

Le ministre de l’Industrie et de l’Énergie, Neila Gonji, a annoncé récemment que seuls 7 puits de pétrole sont encore en production, dont 3 puits d’exploration et 4 puits de développement, contre 38 pétroliers qui étaient actifs dans le passé en Tunisie.

Gonji a déclaré dernièrement lors de la conférence de la fédération du pétrole relevant de l’Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) que la Tunisie a programmé des dépenses d’une valeur de 2,9 milliards de dinars, pour l’approvisionnement en pétrole brut et en matières pétrolières, ce qui représente 58% des dépenses d’investissement, 13% des ressources propres de l’État.

Cela est dû au fait que la Tunisie a perdu un grand nombre d’investissements dans le secteur de l’énergie au cours des dernières années en raison du sabotage systématique du secteur, en le vidant de ses compétences et en contraignant les investisseurs à quitter le pays.

Le secteur de l’énergie en Tunisie vit des jours difficiles, d’autant plus que les sociétés publiques d’énergie (la Société tunisienne de l’électricité et du gaz, la Société Tunisienne des Industries de Raffinage et l’Entreprise Tunisienne d’Activités Pétrolières « ETAP ») ont enregistré de grandes pertes et tous leurs fonds ont été pompés pour financer le budget de l’Etat et sont devenues incapables d’investir.

Les indicateurs montrent clairement, que la Tunisie ne fait pas partie du groupe des pays africains concernés par la production d’hydrogène vert comme nouvelle source d’énergie, alors que ses voisins progressent dans cette activité, notant que la carence globale dans le secteur touche tous les plans et programmes de développement, bien que le pays soit capable de faire bon usage des exportations d’hydrogène vert vers l’Europe dans le cadre de l’exploitation de sa proximité avec les pays de l’Union européenne qui souffrent de problèmes énergétiques résultant de la guerre russo-ukrainienne.

D’autre part, l’entrave à la transition énergétique en Tunisie entraînera sûrement une augmentation du coût des importations dans les années à venir, ce qui affectera particulièrement le secteur des transports, d’ici 2025, avec l’entrée en service de l’usage de l’hydrogène vert.

Selon des experts, l’hydrogène issu de l’électrolyse de l’eau serait une des solutions au problème des émissions de CO2, et l’hydrogène vert et bleu, en particulier, en Afrique.

Depuis l’accord de Paris sur le climat, le développement d’une économie verte basée sur l’hydrogène en Afrique a fait l’objet de grands efforts. L’Union européenne a présenté sa stratégie hydrogène en 2020 et a proposé une transition vers l’hydrogène vert d’ici 2050, en s’appuyant sur des approvisionnements réguliers en provenance d’Afrique.

Toutefois, Il est possible selon des experts que la Tunisie soit prête à produire de l’hydrogène et des énergies renouvelables bon marché, d’autant plus que le secteur du transport sera parmi les bénéficiaires en termes de demande en hydrogène vert.

En 2017, 69 entreprises locales et internationales ont exprimé leur souhait de participer au premier appel d’offres lancé par le gouvernement tunisien pour produire 1 000 mégawatts d’énergies renouvelables grâce à l’énergie éolienne ou solaire.

Le Groupe de la Banque mondiale continue de soutenir la Tunisie dans le domaine de l’énergie et des énergies renouvelables notamment dans le domaine de la coopération technique dans le secteur de l’électricité. La Banque mondiale soutient également le projet de réseau de transport d’électricité à partir des énergies renouvelables du sud de la Tunisie vers le nord, avec un prêt estimé à 150 millions de dollars.

Notons que la Tunisie, qui ne produit que la moitié de sa consommation d’énergie, cherche à diversifier ses ressources et sa production grâce à l’énergie solaire, qui devrait couvrir 30 % de sa production d’ici 2030.

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