Michael Gahler, membre de la Commission des Affaires étrangères du Parlement européen, faisait partie de la délégation qui a passé 3 jours à Tunis pour ausculter la démocratie. Une visite d’ailleurs qui s’est plutôt bien passée pour le chef de l’Etat, Kais Saied, qui in fine a eu un quitus pour sa feuille de route, du moins jusqu’aux législatives de décembre 2022.Donc on était sur de bonnes bases entre l’Union européenne (UE) et le palais de Carthage. Mais patatras : il y a eu ce coup de massue sur Nabil Baffoun et les autres membres de l’ISIE…
L’ISIE (Instance supérieure indépendante pour les élections) telle que nous la connaissons est morte et enterrée. Ainsi en a décidé le président de la République. Michael Gahler ne voit pas d’un bon oeil la mainmise de Kais Saied sur l’organe en charge de l’organisation et de la supervision des élections. Le député européen a écrit ceci sur Twitter ce lundi 25 avril :
«L’ISIE en Tunisie avait bien rempli ses tâches à plusieurs reprises depuis 2011. La crédibilité et le déroulement professionnel des élections étaient garantis. Il n’y a pas de justification crédible pour le décret 22, qui mine l’indépendance de l’ISIE», a déclaré le parlementaire européen. Et le hasard faisant parfois mal les choses, le président du Parlement dissous, Rached Ghannouchi, y est allé de ses complaintes dans le journal français Le Figaro, dans la même journée…
Le chef de l’Etat tiendra-t-il compte de cet avis qui pèse lourd, tout de même ? Rien n’est moins certain. Saied jusqu’ici n’a pas fait la démonstration de sa capacité à dévier de sa route, à corriger sa trajectoire en fonction de ce que disent les uns et les autres. Ce qui est certain c’est que maintenant que le couperet est tombé sur l’ISIE, les partenaires européens vont surveiller de très près ce qui se passera dans le cadre des prochaines échéances électorales.
Il n’est pas exclu que la jeune démocratie y laisse quelques plumes et perde au passage quelques galons. Cela n’empêchera pas le chef de l’Etat de dormir, mais attention tout de même à l’effet d’accumulation des sorties de route. La note de Saied est en train de gonfler à vue d’oeil et la facture que lui présentera l’UE pourrait être très salée dès décembre 2022…
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