Diaspora

À la Convention Europe Afrique du Nord, Mohamed El Ouahdoudi dénonce les blocages de visas pour les élites maghrébines

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À l’ouverture de la 20ᵉ édition de la Convention Europe Afrique du Nord, ce vendredi 9 mai 2025 à Paris, le président de l’événement Mohamed El Ouahdoudi a tenu un discours d’inauguration particulièrement franc et alarmant sur l’état des relations franco-maghrébines, notamment en ce qui concerne les politiques de délivrance de visas.

S’exprimant devant un public d’élus, d’entrepreneurs et d’acteurs économiques venus des deux rives de la Méditerranée, El Ouahdoudi a sévèrement critiqué les pratiques actuelles de l’administration française, affirmant que plus d’une vingtaine de chefs d’entreprise n’ont pas pu assister à la convention, faute de visa.

Une situation paradoxale dénoncée publiquement

« Il y a un écart grandissant entre le discours officiel de la France, qui se veut accueillant et ouvert, et les pratiques réelles qui découragent les élites du Maghreb », a déclaré le président de la Convention. Il a pris pour exemple le cas d’un ancien ministre, à qui les autorités françaises ont demandé la date exacte de son voyage avant de lui accorder un visa valable… uniquement à partir du jour mentionné, soit le 1ᵉʳ juin. « Avant, les visas étaient valables dès leur délivrance », a-t-il rappelé.

Selon lui, ces nouvelles pratiques sont contre-productives, et traduisent un changement d’attitude inquiétant. « Comment peut-on parler de partenariat stratégique et de co-développement si les acteurs économiques ne peuvent même pas se rencontrer physiquement ? », a-t-il lancé.

Des conséquences directes sur la coopération euro-méditerranéenne

Mohamed El Ouahdoudi a alerté sur une tendance croissante chez les élites du Maghreb à éviter la France, préférant désormais l’Espagne, l’Italie, l’Allemagne ou encore le Golfe pour leurs partenariats économiques ou scientifiques. Il a dénoncé une détérioration de l’attractivité française, qui va à l’encontre des objectifs affichés par les diplomaties économiques successives.

Cette dénonciation intervient dans le cadre d’un événement censé renforcer les liens économiques, sociaux et institutionnels entre l’Europe et l’Afrique du Nord. L’absence d’invités, empêchés de participer à cause de refus ou de retards de visas, a été vécue comme un symbole regrettable d’un climat diplomatique qui se durcit, malgré les discours de coopération.

Une interpellation adressée aux autorités françaises

El Ouahdoudi a également appelé les autorités françaises à faire preuve de cohérence, en alignant leur discours politique avec les pratiques administratives. « La France ne peut pas prétendre être un pont entre les deux rives si elle dresse des murs invisibles au moment des rencontres essentielles », a-t-il insisté.

Alors que la Convention Europe Afrique du Nord célèbre cette année deux décennies d’échanges et de coopération, la question de la mobilité et de l’accès aux événements internationaux devient plus que jamais un enjeu politique majeur dans les relations euro-maghrébines.

Pour rappel, la convention se déroule au FIAP Jean Monnet à Paris et réunit des acteurs économiques autour de sept thématiques clés, dont l’innovation, l’agriculture, l’énergie, la santé, et la finance. Mais cette année, l’ombre des visas a assombri l’enthousiasme de l’ouverture.

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