Le secteur des abattoirs et de la viande rouge en Tunisie traverse une crise structurelle majeure. Selon Tarek Ben Jazia, président directeur général de la société Ellouhoum, la grande majorité des 158 abattoirs municipaux en activité ne possèdent pas de certification sanitaire, en violation de l’article 17 du décret ministériel du 26 mai 2006.
D’après Ben Jazia, seulement 19 abattoirs respectent les normes relatives à l’emplacement, aux équipements et aux installations nécessaires, soit à peine 11 % du total en activité. Pire encore, neuf gouvernorats ne disposent d’aucun abattoir conforme aux normes d’exploitation.
Le plan directeur des abattoirs, approuvé en 2010 par le décret n° 360, avait prévu de maintenir 51 abattoirs aux normes et d’en réhabiliter ou créer neuf autres. Cependant, ce projet n’a toujours pas été mis en œuvre, malgré l’expiration du délai de cinq ans prévu pour sa réalisation.
Face au manque de structures conformes, les abattoirs clandestins se multiplient, représentant aujourd’hui 40 % des abattages.
Cette situation favorise une opacité des prix de la viande en gros et permet à des intermédiaires informels de contrôler une partie du marché, au détriment des consommateurs et des professionnels du secteur.
La hausse des prix a entraîné une baisse de la consommation de viande rouge par individu en Tunisie. Alors qu’un Tunisien consommait en moyenne 11 kg par an en 2015, cette quantité est tombée à 8,6 kg en 2021.
Le secteur de la viande rouge représente :
Actuellement, la Tunisie compte 274 000 éleveurs de moutons et 112 000 éleveurs de bovins, dont 73 % sont des petits éleveurs possédant 5 à 6 bovins.
Chaque année, la production nationale atteint environ 50 000 tonnes de viande bovine et 60 000 tonnes de viande ovine.
La profession de boucher subit elle aussi les effets de cette crise. En 2023, le nombre de boucheries en Tunisie est passé de 9 000 à 7 000, une baisse significative due à plusieurs facteurs :
Avec une production en déclin, une consommation en baisse et une réglementation mal appliquée, le secteur de la viande rouge en Tunisie doit faire face à des défis majeurs.
La modernisation des abattoirs, la régularisation des pratiques de vente et la mise en place de formations professionnelles adaptées sont autant de pistes à explorer pour assurer l’avenir de cette filière essentielle à l’économie nationale.
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