Economie

Abdelmajid Ezzar défend-il vraiment les intérêts des agriculteurs ?

Abdelmajid Ezzar défend-il vraiment les intérêts des agriculteurs ?

L’agriculture tunisienne souffre ces dernières années et continue sa dégringolade. Il suffit de rappeler quelques faits. Le carnage de Sabbela, à Sidi Bouzid où treize ouvrières agricoles ont péri dans un accident de la route, les crises récurrentes du lait, les circuits opaques de distributions des produits agricoles, les pénuries en tout genre, la hausse vertigineuse des intrants, la mafia de la nutrition animale, les incendies récurrents des champs de céréales, etc.

Malgré les plaies qui saignent l’agriculture, rien ou presque n’a fait bouger sérieusement l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche (UTAP). Au contraire, l’UTAP a eu depuis des années des positions peu convaincantes, voire ambiguës quant aux problèmes structurels et conjoncturels de ce secteur clé et n’assume pas correctement son rôle « normal » de défense des intérêts des agriculteurs.

A titre d’exemple et preuve d’une gestion irréprochable des crises qui secouent le secteur agricole, le président de l’UTAP a déclaré qu’il était exclu pour lui, qu’il y ait des actions criminelles derrière les incendies qui ont ravagé des centaines d’hectares de grandes cultures, l’année dernière. Il a expliqué ses propos par le fait qu’il était certain que le tunisien ne brûlerait jamais le don de Dieu « Enne3ma »…no comment !

A titre indicatif, Ezzar fait un raccourci hallucinant pour « expliquer » l’augmentation des prix du poisson qui selon lui serait due tout simplement à la hausse des prix des carburants des bateaux des pécheurs, malgré l’extrême complexité du problème.

Dans une autre déclaration insolite, Ezzar considère que l’augmentation du prix du lait ne résoudra jamais d’une manière radicale tous les problèmes du secteur, sans avancer ni diagnostic ni même une quelconque étude pour proposer des solutions au malheur des milliers de petits agriculteurs qui peinent à survivre.

Notons que d’après le dernier bulletin récapitulatif sur les résultats d’investissement durant le premier semestre de l’année 2020 de l’Agence de promotion des investissements agricoles (APIA), les simples déclarations des investissements agricoles n’ont pas dépassé 184.9 millions de dinars, soit au maximum le coût d’une unité de production avicole.

La balance commerciale alimentaire a enregistré, quant à elle, un déficit de 137.1 millions de dinars en dépit de de la baisse du rythme des exportations et de la consommation intérieure de plusieurs secteurs, tels que le tourisme et la restauration collective.

L’agence gouvernementale n’avance aucune explication quant à la dérision inédite du montant des crédits agricoles qui se poursuit depuis des années et dénote la quasi-absence des financements, notamment au niveau foncier et en particulier des investissements publics.

Le secteur agricole qui a sauvé les meubles lors de la crise sanitaire, sans moyens ni soutien de la part de ceux qui sont censées le défendre, reste malheureusement marginalisé sans approche visant son développement.

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