Politique

Abderraouf Betbaieb: La dissolution du CSM est la dernière étape de la décomposition des institutions de l’Etat [Audio]

Dans une déclaration accordée à Tunisie Numérique, le diplomate Abderraouf Betbaieb a commenté le dernier discours du président de la République Kais Saied.

« Les décisions annoncées hier à une heure tardive ont montré que le Chef de l’Etat était préoccupé par ce dossier. C’était comme si nous faisons face à une catastrophe. En effet, Saied aurait dû diffuser l’image d’un responsable rassuré qui tient à rassembler les citoyens » a-t-il déclaré.

Betbaieb a dit que Saied n’a pas réussi à choisir l’heure et le lieu du discours. Le choix du ministère de l’Intérieur pour annoncer la dissolution du Conseil  supérieur de la magistrature (CSM) est une faute politique compte tenu du lien entre l’institution en question et le pouvoir judiciaire.

«  Saied a diffusé une image effrayante qui porte atteinte à la neutralité du ministère de l’Intérieur » ajoute Betbaieb précisant que le ministère en question a passé plus d’une décennie pour mettre en place un régime sécuritaire républicain.

Faisant savoir que le choix du ministère de l’Intérieur a perturbé davantage la situation, l’ancien ambassadeur a dit que la Tunisie n’a pas seulement besoin d’un régime républicain à l’heure actuelle mais plutôt d’un régime efficace de citoyenneté.

«  Il faut mettre l’accent sur les messages communiqués en interne et à l’étranger suite à ces décisions. La dissolution du CSM constitue la dernière étape de la décomposition des institutions de l’Etat. Cela serait à l’origine de la diffusion d’une mauvaise image auprès de nos partenaires étrangers » a-t-il dit rappelant que la Tunisie s’apprête à entamer des négociations avec les créanciers internationaux dont le FMI.

Betbaieb a pointé l’intervention dans des affaires dans certains organes juridiques exprimant sa préoccupation face à l’ingérence dans le pouvoir judiciaire.

« La constitution a été violée le 25 juillet suite à des revendications populaires. J’ai craint que d’autres institutions soient dissoutes de la même manière sur la base des réclamations de quelques centaines de manifestants. On aurait pu revenir au processus démocratique dans le pays qui n’est pas forcément équivalent au retour à l’avant 25 juillet. En réalité, le problème de la Tunisie n’est pas institutionnel ou constitutionnel mais plutôt économique. Il est temps de réduire la gaffe entre les citoyens qui sont devenus divisés à cause des discours politiques. Il faut que toutes les parties concernées s’assoient autour de la même table pour surmonter la crise générale dans le pays » assure Betbaieb.

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