A la une

Abir Moussi ne dit pas un mot sur les décisions de Kais Saied, étrange non?

Abir Moussi ne dit pas un mot sur les décisions de Kais Saied, étrange non?

Après la batterie d’annonces du chef de l’Etat, Kais Saied, le 13 décembre 2021 tout le monde attendait la présidente du PDL (Parti destourien libre). On ne l’a pas beaucoup vue, à part cette déclaration sommaire le soir du 13 décembre pour dire que Saied laisse du temps aux islamistes pour se réorganiser et se requinquer. Depuis plus rien. Ou plutôt si : On l’a vue du côté de Montplaisir faire un boucan monstre face à l’impressionnant déploiement sécuritaire – un peu trop à mon goût pour quelques dizaines de manifestants. Avec tout ce tintamarre et toute cette agitation, ce sont les employés du coin qui seront contents, sans parler des embouteillages pour les automobilistes. Mais pour Moussi l’important est ailleurs…

En accordant plus d’importance qu’il ne faut à l’Union des savants musulmans, la chef de file des destouriens libres parvient à faire diversion pour ne pas trop s’exprimer sur les dernières mesures du président de la République. Je ne sais pas moi : Moussi aurait pu par exemple ameuter davantage l’opinion publique sur le fait que Saied épargne les têtes des nahdhaouis et de leurs compagnons d’Al Karama, qui l’ont martyrisée dans sa chair. Que nenni. Elle n’a pas pipé mot là-dessus ou très peu, pas même sur la décision du chef de l’Etat de geler le Parlement pour un an – qui était pourtant sa tribune et qui lui a valu sa popularité – et de ne convoquer des législatives que fin 2022. Étrange non ?

En fait pas tant que ça. Si Moussi ne dit rien c’est parce que les décisions de Kais Saied vont exactement dans le sens qu’elle veut. Bon, elle pourrait dire le contraire dès aujourd’hui ou demain, histoire d’occuper le terrain et de braquer les projecteurs sur elle, mais personne n’est dupe. Moussi sait que Saied ne fait que temporiser avec Ennahdha et compagnie, pour économiser ses efforts et ne pas se mettre tout le monde à dos en même temps. Elle sait que le temps joue en sa faveur, qu’elle est jeune et qu’une fois le grand ménage du chef de l’Etat terminé, il ne restera que le PDL, à en croire la photographie du moment – les sondages. A moins que d’ici là ses adversaires débusquent une énorme casserole ou que sa fougue de “lionne” lui joue de mauvais tours…

Moussi ne dira jamais ‘Merci’ à Saied pour le terrain qu’il va lui dégager, pour la simple et bonne raison que le locataire de Carthage ne l’a pas remerciée, ni publiquement ni en privé – il n’a même pas daigné la recevoir -, pour le travail de démolition des islamistes qu’elle a parfaitement exécuté au sein du Parlement. Le président de la République n’a eu qu’à se baisser pour ramasser les fruits de cet énorme boulot qui a valu beaucoup de coups à Moussi, au sens propre comme au sens figuré. Et ça continue d’ailleurs avec ces sit-in qu’elle fait dans le froid alors que tout le monde est au chaud chez soi ou dans les cafés…

Non seulement Moussi n’a pas été remerciée pour tout ça mais en plus Kais Saied s’est permis de la désigner publiquement, avec photos à l’appui – les propres photos du PDL -, parmi les fossoyeurs de la jeune démocratie. La destourienne ne l’oubliera pas, ne pardonnera pas. Mais pour le moment elle se contentera d’obtenir du chef de l’Etat qu’il la débarrasse de ses ennemis pour lui préparer la voie des prochaines échéances électorales. Ça suffira à son bonheur… pour l’instant.

Que se passe-t-il en Tunisie?
Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!

Commentaires

Haut