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Accord UE-Mercosur : l’Allemagne plante un énième couteau dans le dos de Macron, tant pis si la France implose

Accord UE-Mercosur : l’Allemagne plante un énième couteau dans le dos de Macron, tant pis si la France implose

La Hongrie, qui a de solides liens avec la Russie, n’est pas l’unique problème de l’Union européenne (UE) et de ses grands desseins pour exister face aux autres grands ensembles (défense commune, union économique, etc.), il y a aussi et surtout la première puissance de la zone euro, l’Allemagne. L’Allemagne et son chancelier Olaf Scholz. Il s’est toujours dressé sur la route du président français Emmanuel Macron quand il a voulu avancer. Cette fois c’est sur le dossier de l’accord entre l’UE et le Mercosur (Argentine, Brésil, Uruguay, Paraguay et Bolivie).

Scholz a trouvé sa bouée de sauvetage et ne la lâchera plus

Scholz n’a jamais été d’accord avec Macron sur les grandes orientations européennes, et même s’il lui est arrivé de le suivre c’était formel, diplomatique ; ça n’a jamais empêché Berlin de faire cavalier seul au nom de ses intérêts. Alors que la perspective de la signature de cet accord ulcère les agriculteurs français au point qu’ils menacent de bloquer le pays le chancelier allemand lui l’applaudit des deux mains…

«Après plus de vingt ans [de négociations] nous devons maintenant enfin finaliser l’accord de libre-échange avec le Mercosur (…). Cela a duré bien trop longtemps, la façon dont cela a été négocié. Ce n’est pas un bon exemple (…). Nous avons besoin de davantage d’accords de libre-échange. Le monde change», a asséné Scholz lors d’une conférence de presse, en marge du Sommet du G20 à Rio de Janeiro, au Brésil. Un énième couteau dans le dos de Macron.

Comment voulez-vous bâtir quoi que ce soit de solide dans l’UE si ses deux poids lourds ne sont d’accord sur rien ? Le Premier ministre hongrois, Victor Orban, cheval de Troie de l’Union et très proche de Vladimir Poutine, boit du petit lait. Mais il n’est pas le seul grain de sable, il y a aussi la Commission européenne et sa présidente, l’Allemande Ursula von der Leyen, il y a l’Espagne et beaucoup d’autres. En fait sur ce dossier la France est isolée.

L’Hexagone, premier pays agricole du continent, est vent debout contre cet accord parce qu’il inondera les marchés européens de produits sud-américains bon marché et donc tuera les agriculteurs français. Ces derniers, avec les normes européennes très strictes qui s’abattent sur eux et les coûts de production plus élevées, ne peuvent pas s’aligner sur les producteurs sud-américains…

Échec et mat pour Macron ?

Le gouvernement français s’est engagé à retoquer cet accord qui ruinerait des pans entiers de l’économie. Le président Macron a d’ailleurs redit dimanche dernier à Buenos Aires (Argentine), devant l’ultralibéral président Javier Milei, que Paris ne «signerait pas en l’état» le traité. Le chef de l’Etat a tenté de «rassurer les agriculteurs» et leur a assuré qu’il continuera de lutter face à la déferlante sud-américaine. Mais combien de temps tiendra-t-il encore ? Que se passera-t-il si von der Leyen, Berlin, Madrid et compagnie passent en force ?

Le scénario est simple : la France file droit vers des éruptions sociales que même le très dur ministre de l’Intérieur ne pourra pas contenir. Les agriculteurs et leurs difficultés viendraient s’ajouter à une situation économique et financière qui n’a jamais été mauvaise, à un climat politique qui a rarement été aussi délétère. Peut-être que Paris a raté le coche il y a 20 ans, quand cet accord a été posé sur la table.

L’Allemagne a les mêmes problèmes que la France, voire pire, avec un chancelier qui pourrait être balayé par une crise sociale, économique et politique historique. Mais contrairement à Macron, Scholz voit l’accord UE-Mercosur comme la dernière branche à laquelle il pourrait se raccrocher pour survivre – il rêve ! – à ses ennemis, les conservateurs. Les Allemands ont bâti leur économie sur les exportations industrielles massives, des produits haut de gamme, surtout les voitures…

Mais voilà, depuis que la Chine est entrée dans la danse, surtout les véhicules électriques, Berlin ne voit plus le soleil. Personne ne peur rivaliser avec le rapport qualité-prix proposé par les constructeurs chinois. Par contre le Mercosur pourrait permettre d’écouler ces millions de voitures qui ne trouvent plus preneurs en Europe, parce que trop chers ou trop polluants. Alors oui Scholz fera feu de tout bois pour faire passer l’accord, et tant pis pour l’implosion sociale chez le voisin.

Macron n’est pas de Gaulle et Scholz n’est pas Adenauer…

Le couple franco-allemand a vécu, il a été sacrifié sur l’autel des intérêts supérieurs de la première économie européenne. Et les autres pays aideront Scholz à tirer dans les pattes de Macron, parce qu’eux aussi voient dans le Mercosur des importations de produits aux tarifs imbattables, de métaux rares pour leurs industries ; et la possibilité de vendre aux Sud-Américains tout et à peu près n’importe quoi, tout ce qui ne peut pas être écoulé en Europe parce que jugé trop dangereux pour la santé (principalement les produits chimiques).

On en est là : Une affaire d’intérêts, de gros sous, et tout le reste n’est que poussière. Quant au binôme France-Allemagne, il restera ce qu’il est depuis que Scholz est aux manettes : Un duo factice qui mue au gré des urgences de Berlin. Quand le chancelier allemand a effectué sa deuxième visite en Chine en avril 2024 il l’a fait seul, avec ses ministres et ses entrepreneurs. Alors que Macron y est allé en avril 2023 en compagnie de von der Leyen pour parler aussi de questions européennes…

C’est cela la grande différence entre Paris et Berlin : le premier joue un peu plus collectif. Quand l’Allemagne a décidé de se réarmer, avec un premier paquet de 100 milliards de dollars c’est vers les USA et Israël qu’elle s’est tournée, pas vers la France, dont pourtant l’industrie militaire peut répondre en grande partie aux besoins des Allemands. C’est cela Scholz, c’est cela l’Allemagne. On est très loin des idéaux plantés par le général de Gaulle et le chancelier Adenauer.

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