Les aéroports sont les vitrines des pays, c’est le premier contact qu’ont les étrangers avec les nations qu’ils visitent et en général les expatriés sont très contents de retrouver l’aéroport du pays natal. Mais pour l’aéroport de Tunis-Carthage c’est de l’histoire ancienne, semble-t-il, car il a la fâcheuse tendance à s’illustrer de la pire des façons. C’est encore arrivé hier dimanche 26 juin dans la nuit. Une cohue et une désorganisation indescriptibles qui ont écorné un peu plus l’image des lieux, à ajouter à une inhumanité qui déshonore la République…
Il a fallu que 4 avions atterrissent en même temps et que 7 arrivent dans l’intervalle d’une heure pour que la mince couche de verni qui maquille les tares du principal aéroport de la Tunisie saute. Ce n’est pas la première fois que des centaines personnes débarquent presque en même temps à Tunis-Carthage, les responsables des lieux devaient s’y préparer en cette période de vacances estivales, mais ce que cette dame en provenance du Canada nous raconte démontre tout le contraire : Une impréparation totale, un laxisme doublé d’un manque d’empathie qui noircissent davantage le tableau de la jeune démocratie…
La passagère, une Tunisienne, a confié ceci à Tunisie Numérique : “Hier j’ai pris un vol à Toronto, au Canada, je suis arrivée à Tunis après une escale de 12 heures à Paris. Une fois arrivée à Tunis on est coincé dans un couloir. La file d’attente commence dès l’escalier, l’escalier d’en haut. Après on descend. Là vu le monde qu’il y avait apparemment minimum 8 ou 9 avions ont atterri en même temps. Quand on est arrivé vers 0 heure 45-50 minutes on s’est retrouvé avec un monde fou. Faites vous-même le décompte : 8 avions et chaque avion contient… .J’ai les photos… Bref, on est arrivé et là la désorganisation était totale. On ne sait même pas où commence la queue et où elle finit”…
“On s’est retrouvé les uns collés aux autres, sans aucun geste barrière avec la pandémie du coronavirus qui refait surface. Il y a des gens qui portaient des masques, d’autres non. Tous ces gens étaient entassés là : Les personnes âgées, les enfants, les bébés… Moi personnellement je suis enceinte de 4 mois avec des complications. Personne n’est venu demander des nouvelles des personnes âgées, des malades…”, ajoute la dame.
“Dans aucun pays au monde, les nations développées comme les moins avancées, on ne procède de la sorte. Les personnes âgées, les malades, les handicapés, en fait tous ceux qui ont besoin d’une aide sont séparés des autres et pris en charge dans des files d’attente spéciales. Laisser tous ces pauvres gens, quelque 1500 personnes, attendre 4 longues heures pour sortir de l’aéroport… On a fait la queue durant une heure et demi sans savoir où on allait”, indique la passagère.
“Toujours collés les uns aux autres. J’ai commencé à manquer d’air. J’étais au bord de l’évanouissement. Je suis alors sortie du rang. Je suis allée voir un employé de l’aéroport, je lui ai dit que je suis enceinte et s’il y avait la possibilité d’avoir un traitement à part. Il m’a rétorqué qu’il n’y avait rien à faire et qu’il fallait faire la queue comme tout le monde. Et quand je regarde autour de moi je n’étais pas une exception, je n’étais pas la seule femme enceinte ou la seule qui avait besoin d’assistance. J’ai vu des personnes âgées debout pendant 4 heures, des femmes et des hommes qui portaient dans leurs bras leurs enfants endormis, jusqu’à 3 heures du matin. Tous dans un désarroi total..”, raconte la dame.
“Les touristes faisaient pitié à voir, des visages qui baignaient dans la sueur. Aucune aération. Et hier avec cette canicule, quelque 46 degrés dans la journée. Aucune aération à l’aéroport. Des gens qui dépensent 2000 dollars pour un billet et qui se font ensuite malmener à Tunis, des conditions incroyables. Il ne faut plus faire de la publicité sur la Tunisie, ne disons pas aux gens venez visiter le pays. Laissons-les tranquilles. Et quand on sera apte à les recevoir dans de bonnes conditions on les fera venir. Nous on connait les conditions, à la limite on les accepte, mais il ne faut pas infliger ça aux touristes…”, dit la dame.
“C’est une brave Tunisienne qui m’a tirée d’affaire. Que Dieu la bénisse. Quand ils m’ont vue comme ça son mari a fait la queue pour nous. Elle m’a dit tu vas passer avec moi. C’est elle qui m’a sortie, autrement j’y serai encore à 7 ou 8 heures du matin… Il faut trouver des solutions définitives pour cet aéroport. Je suis allée voir le personnel dans les guichets. Je leur ai dit vous êtes des employés, dites ce qui passe à vos supérieurs, plaignez-vous. Ils m’ont rétorqué qu’il n’y a nul endroit pour se plaindre, qu’il n’y a rien. Chaque jour ce sont les mêmes scènes de chaos qui se répètent…”, déplore la passagère…
“Il faut des solutions radicales. J’ai un papier du médecin attestant que je ne dois pas rester debout plus de 30 minutes. Et je ne suis pas la seule dans cette situation. Il y a quelqu’un qui a subi une opération, et quand il l’a dit à l’agent pour qu’il soulage ses souffrances il lui a rétorqué ‘ta carte n’est pas valable en Tunisie’. La patiente vient de la France, il lui a dit qu’en Tunisie son document n’a aucune valeur… Il faut des solutions définitives avant l’irréparable. Imaginez une seule chaise roulante pour tout ce monde, elle amène une personne et il faut attendre une demi-heure pour en transporter une autre…”, s’indigne la dame.
“Ils ont le planning, ils savent que 8 vols vont débarquer en même temps. Qu’ils mettent en place la logistique et le personnel pour les accueillir, pour que les opérations se déroulent rapidement. On n’ouvre pas quelques guichets, et personne pour prendre en charge les gens en détresse. Il n’y a personne pour organiser les files d’attente. Les gens sont livrés à eux-mêmes, ils se déplacent sans savoir où ils vont… C’est juste une question de planification, d’organisation, c’est tout. Ce sont des conditions dignes des bus, louages et autres, pas d’un aéroport. Ce que j’ai vu dépasse l’entendement”, a conclu la dame.
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