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Affaire Bhiri : Une faute de com de plus, cette fois Kais Saied et la Tunisie risquent gros

Affaire Bhiri : Une faute de com de plus, cette fois Kais Saied et la Tunisie risquent gros

Je le dis d’emblée : il n’est pas question ici de se prononcer sur le fond de l’affaire Bhiri. C’est le travail de la justice. Le temps des médias n’est pas celui de la justice, alors il faudra avoir la patience et la prudence de donner à la justice toute la latitude pour trancher dans cette affaire. Mais manifestement les compagnons de Bhiri en ont décidément autrement, surfant sur les failles d’une communication gouvernementale aux allures de pain béni pour un mouvement islamiste aux abois…

Chou blanc avec le drame de Montplaisir, ils recommencent

La dernière fois que Ennahdha a tenté d’exploiter politiquement une affaire entre les mains de la justice – le drame qui s’est produit dans son local à Montplaisir – elle est complètement passée à côté. La mine des petits jours de Rached Ghannouchi, qui a débité des horreurs devant les objectifs des journalistes, en essayant de se défausser sur l’exécutif tunisien (comprenez le chef de l’Etat, Kais Saied), a produit l’effet inverse. D’ailleurs le flot de commentaires très négatifs et parfois nauséabonds sur les réseaux sociaux, que nous vous épargnons par décence, illustrent parfaitement le divorce très profond entre les islamistes et les populations. Mais cela n’empêche pas les compagnons de Ghannouchi de recommencer…

C’est la femme de Noureddine Bhiri qui a ouvert le bal, dès le jour de l’arrestation de son époux, en ameutant les médias, criant à l’enlèvement pur et simple de l’ancien ministre de la Justice. Puis ça a continué avec les camarades de Bhiri, très copieusement, jusqu’à la conférence de presse très colorée de ce 3 janvier. Ennahdha a décidé de jouer à fond la carte de la victimisation pour que les médias du monde ne parlent que de ça. Et ça n’a pas loupé. La presse internationale, française notamment, n’est pas passée à côté de ce boucan d’enfer depuis la Tunisie…

Des erreurs de communication gouvernementales qui se répètent

Pour Ennahdha ce sera toujours ça de gagné : Quelques jours ou semaines de répit et une campagne de communication gratuite, car les islamistes savent que s’ils laissent le président de la République dérouler tranquillement en 2022 avec tous les dossiers judiciaires qu’il a sous le coude, c’en est fini du mouvement Ennahdha. Ce dernier a beau dire que l’affaire Bhiri a été politisée, c’est lui qui est en train de politiser sans vergogne une décision de justice, et le gouvernement les y aide bien…

Je redis que le temps de l’espace politico-médiatique n’est pas celui de la justice, mais à situation exceptionnelle communication exceptionnelle. Le gouvernement a manqué, une fois de plus, de réactivité dans cette affaire. Il a mal mesuré la taille et l’épaisseur de la perche qu’il tendait aux islamistes. Sans entrer dans le fond de l’affaire Bhiri il fallait au moins donner publiquement un ou deux éléments – même vagues – sur ce dossier, sur la gravité des charges retenues contre lui. Cela aurait suffi à dégonfler l’affaire et à couper l’herbe sous le pied des compagnons du responsable nahdhaoui. L’espace politico-médiatique a horreur du vide, le gouvernement ne devait pas laisser Ennahdha l’occuper…

Pour la ministre de la Justice le silence pourrait s’interpréter comme le respect de l’indépendance de la justice, car toute sortie pourrait être interprétée par les opposants comme une ingérence dans les affaires judiciaires, mais ici la bataille se mène devant l’opinion publique, nationale et internationale. C’est elle qu’il fallait convaincre que les faits reprochés à Bhiri n’ont rien de politique. Le gouvernement a encore raté le coche…

Comme exactement le chef de l’Etat, Kais Saied, avait raté le coche dans l’affaire Marzouki, se murant dans un silence qui a laissé tout le temps à l’ancien président de se victimiser. Saied n’en a parlé que des jours plus tard, une éternité, avec une simple allusion parmi un tas d’autres sujets dans un Conseil ministériel. Trop peu et trop tard pour éteindre l’incendie que l’affaire Marzouki a provoqué auprès des amis et partenaires étrangers de la Tunisie. L’exécutif tunisien vient de charger sa barque en perdant la main dans l’affaire Bhiri. Très mauvais quand on sait ce qui se joue en ce moment : La survie économique du pays laquelle dépend entièrement de la main étrangère pour qui le verni démocratique et celui des droits humains compte beaucoup, même artificiel

 

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