Politique

Affaire Marzouki : Après le tir du sénateur Murphy, Saied se tire une balle dans le pied

Partager

Le problème des obsessions c’est que ça peut virer à l’obstination et in fine déboucher sur de graves erreurs d’appréciation. Et quand on est à la tête d’un Etat, on ne peut pas se payer le luxe de manquer de lucidité, de tempérance, de clairvoyance. Parce que là les sorties de route deviennent des fautes majeures qui jettent l’opprobre sur toute une nation. Après la sortie de très mauvais augure du sénateur américain Chris Murphy, le chef de l’Etat, Kais Saied, n’avait vraiment pas besoin d’une mauvaise publicité de plus. La Tunisie n’en avait pas besoin…

Très bon pour les petites affaires de Marzouki

Le pays traînera comme un boulet l’affaire Marzouki. N’en déplaise aux fans du chef de l’Etat, si on analyse froidement la situation, ça sent le souffre pour la jeune démocratie. Le seul qui va gagner quelque chose dans cette agitation c’est l’ancien président provisoire. Saied vient de lui payer une formidable campagne de promotion, lui qui ne pesait pas un gramme aux yeux de l’opinion publique, locale comme internationale et dont le court règne sera à jamais associé aux compromis et compromissions avec ceux qui ont précipité le pays dans le précipice. Saied devait tout simplement le laisser mourir de sa belle mort politique. Au lieu de cette chasse insensée qui a fini par cette condamnation ubuesque…

On peut dire ce qu’on veut de Moncef Marzouki, lui mettre sur le dos tout ce qu’on veut – il l’a bien mérité -, même lui n’a pas traîné des opposants devant la justice pour des délits d’opinion, pour de simples déclarations télévisées. Là où il vit, en France, il est évident que cette lourde peine ne passera pas. Les démocraties ne se comportent pas ainsi. Marzouki aura maintenant tout le loisir de le clamer haut et fort, lui que plus personne n’écoutait. Il apportera de l’eau au moulin de l’Union européenne et des USA, qui avaient déjà éjecté la Tunisie de la liste des démocraties

Des faits accablants pour Kais Saied

Au fond qu’a fait Marzouki ? S’agiter sur des plateaux de télévision pour salir la démocratie tunisienne. So What ? Qui peut croire sérieusement que c’est son activisme qui a empêché à des investisseurs de miser sur la Tunisie ? Qui est assez naïf pour croire que l’ancien président est pour quelque chose dans l’annulation du dernier Sommet de la Francophie en Tunisie, alors que tout le monde savait, à commencer par les autorités locales, que le pays n’était pas du tout prêt à accueillir un tel événement ?

Kais Saied a donné plus d’importance à cette affaire qu’elle ne mérite et la Tunisie le payera très cher. Comme elle payera la condamnation à 4 mois de prison de l’activiste Maryam Berbri, dont le seul tort a été de prendre part à des manifestations et de dire ce qu’elle pense des violences policières. Un délit d’opinion de plus, de trop…

A cet opprobre sur la Tunisie va s’ajouter un autre discrédit public pour le chef de l’Etat tunisien : Marzouki, qui a un passeport européen, ne sera jamais extradé vers la Tunisie juste pour avoir exercé sa liberté d’expression. La chose est concevable pour un crime d’une extrême gravité, mais pas pour une prétendue “atteinte à la sûreté de l’Etat” que rien ne prouve, ne documente, à part des déclarations télévisées. Donc tout cela se transformera en une simple interdiction d’entrée dans le territoire national, une tache de plus sur la jeune démocratie.

Kais Saied a tout intérêt à gracier rapidement Marzouki pour lui couper l’herbe sous le pied. La Fête de l’Indépendance, le 20 mars, serait une excellente occasion pour sortir par le haut de cet imbroglio…

Laissez un commentaire