À l’approche de l’Aïd al-Adha 2025, les familles du monde arabe s’apprêtent à perpétuer la tradition du sacrifice, malgré une conjoncture économique tendue. La hausse généralisée des prix des moutons, alimentée par l’inflation, les coûts de production et les perturbations climatiques, pousse de nombreux citoyens à renoncer à l’achat d’une bête ou à opter pour des solutions alternatives.
Tunisie : un poids de plus pour les ménages
En Tunisie, le prix moyen d’un mouton s’élève à 1 050 dinars (351,88 dollars). Les petits modèles se vendent autour de 700 dinars, tandis que les plus imposants dépassent les 1 400 dinars.
Le président de l’Organisation tunisienne pour la protection du consommateur dénonce des pratiques spéculatives, malgré la baisse des coûts de production. La vente au kilo à 22 dinars est recommandée dans les points officiels.
Jordanie : envolée des prix jusqu’à 25 %
Le prix des moutons en Jordanie varie entre 220 et 280 dinars (310 à 394 dollars), soit une augmentation de 15 à 25 % par rapport à 2024. Le nombre de moutons disponible dépasse 1,78 million de têtes. La pression sur les prix s’explique par une offre réduite, des coûts de logistique élevés et des perturbations dans les pays exportateurs comme la Roumanie.
Qatar : des prix stables grâce au contrôle étatique
Au Qatar, la stabilité prévaut. Le prix moyen est de 1 300 riyals (356,16 dollars), avec une fourchette allant de 1 000 à 1 600 riyals. Le soutien du gouvernement et les services de la société Widam facilitent l’accès au sacrifice, notamment via l’achat de coupons.
Arabie saoudite : un marché majeur aux tarifs diversifiés
En Arabie saoudite, les prix des moutons oscillent entre 1 000 et 2 500 riyals (266 à 666 dollars), selon la taille et la race. Le royaume, principal marché durant le Hajj, voit également les bovins s’échanger entre 7 000 et 11 000 riyals.
Algérie : une stratégie d’importation pour freiner la hausse
Le prix moyen de l’agneau algérien est de 100 000 dinars (755,46 dollars). Face à une demande en hausse et à la spéculation, l’État a autorisé l’importation d’un million de moutons à 40 000 dinars l’unité (302 dollars). Résultat : les prix ont temporairement baissé, mais une hausse reste possible à l’approche du jour J.
Égypte : la stabilité après l’explosion des prix
Le prix moyen du mouton égyptien est de 15 000 livres (302 dollars). Malgré une réduction du cheptel, les prix sont restés stables cette année grâce à la baisse du dollar (moins de 50 livres). Le prix d’un bœuf atteint jusqu’à 80 000 livres.
Palestine : la guerre pèse sur l’accès à l’agneau
En Cisjordanie, les prix grimpent jusqu’à 850 dollars. Le nombre de têtes disponibles (140 000 à 160 000) reste suffisant, mais la guerre à Gaza a privé de nombreux travailleurs de leurs revenus. Résultat : baisse drastique de la consommation malgré le maintien de l’offre.
Libye : marché divisé et insécurité galopante
En Libye, les prix varient entre 2 300 et 4 500 dinars (529 à 638 dollars). Les écarts entre l’Est et l’Ouest s’expliquent par les difficultés logistiques et l’insécurité à Tripoli. Le cheptel total est estimé à 7 millions de têtes, mais le marché est peu régulé.
Irak : des hausses jusqu’à 50 000 dinars
Le prix moyen atteint 500 000 dinars (381,69 dollars). Le marché reste tendu en raison des sécheresses, des maladies animales, et de l’importation non maîtrisée. Les écarts de prix vont de 400 000 à 600 000 dinars pour un mouton.
Émirats, Koweït, Oman : stabilité relative
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Émirats : entre 900 et 2 500 dirhams (245 à 680 dollars), avec une moyenne à 1 700 dirhams (462 dollars).
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Koweït : entre 75 et 150 dinars (244 à 488 dollars) selon l’origine (australien, syrien, local…).
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Oman : de 120 à 160 rials (312 à 416 dollars), avec un prix moyen de 140 rials (364 dollars).
Mauritanie : forte demande, prix galopants
Le prix moyen est de 92 500 ouguiyas (278 dollars), mais il peut atteindre 110 000 ouguiyas (330 dollars). L’exportation massive vers le Sénégal et le manque de régulation ont provoqué une hausse significative, malgré un cheptel estimé à plus de 29 millions.
Liban et Syrie : entre espoir et effondrement
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Liban : prix moyen de 400 dollars, avec une amélioration de la demande. Les prix sont légèrement en baisse par rapport à 2024.
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Syrie : chute importante des prix à 235 dollars en moyenne, en raison de la dévaluation massive de la livre syrienne.
Soudan : disparités régionales importantes
Le prix moyen est de 220 dollars, mais dans des États comme le Kordofan ou la Gezira, il tombe à 140 dollars. Ailleurs, il dépasse les 300 dollars, avec des écarts dus à la crise et aux coûts d’acheminement.
Classement des pays arabes selon le prix moyen du mouton pour l’Aïd 2025 (en dollars) :
Rang | Pays | Prix moyen du mouton (USD) |
---|---|---|
1 | Algérie | 755,46 |
2 | Arabie saoudite | 466,66 |
3 | Émirats arabes unis | 462,84 |
4 | Koweït | 488,76 |
5 | Libye | 529,14 – 638,61 |
6 | Jordanie | 352 – 394 |
7 | Tunisie | 351,88 |
8 | Qatar | 356,16 |
9 | Oman | 364,09 |
10 | Irak | 381,69 |
11 | Liban | 400 |
12 | Palestine | 850 |
13 | Égypte | 302 |
14 | Mauritanie | 278 |
15 | Syrie | 235 |
16 | Soudan | 220 |
Ainsi, l’Aïd al-Adha 2025 illustre une réalité amère dans le monde arabe : la tradition du sacrifice est de plus en plus soumise à des contraintes économiques, sociales et climatiques.
Si certains pays parviennent à stabiliser les prix grâce à l’importation ou au soutien de l’État, d’autres voient leur marché s’effondrer sous le poids des crises.
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