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Algérie : Après France 24 l’armée de l’ombre démolit Saïda Neghza et le patronat

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La présidente de la Confédération générale des entreprises algériennes (CGEA), Saïda Neghza, avait écrit au président Abdelmadjid Tebboune pour lui exposer les souffrances des entrepreneurs et les nombreux écueils qui plombent l’économie du pays, une lettre que Mme Neghza a rendue publique. Elle pointait entre autres un «marasme généralisé”, “un climat des affaires souffrant du manque de confiance” et “une surenchère presque généralisée des prix“. A ajouter aux pratiques très douteuses d’un Comité ministériel. Ce déballage n’a certainement pas plu au chef de l’Etat et au gouvernement mais ils se sont bien gardés de répondre à la patronne des patrons. C’est Algérie Presse Service (APS) qui s’y est collée, et sa réponse aux complaintes de Saïda Neghza est cinglante…

Le moins qu’on puisse dire est que l’agence de presse officielle n’a pas fait dans la dentelle. Elle n’a pas hésité à accuser la présidente de la CGEA de faire le jeu de la «issaba», une expression très usitée et qui désigne les businessmen acquis à la cause du régime d’Abdelaziz Bouteflika. APS a qualifié la dame de «porte-voix d’intérêts qu’elle est censée, prétendument, combattre, ceux de l’ordre ancien, ceux d’une Issaba dont le sport favori n’était pas la pratique du golf, mais détourner l’argent du peuple».

Le texte traite Saida Neghza de présidente qui a «peu d’envergure» et qui a un «penchant pour tout ce qui est étranger et international». Au sujet de la lettre destinée au chef de l’Etat l’agence officielle la taxe de «version améliorée des pressions qui font rappeler, l’ancien temps, lorsque des groupes de pression, des lobbys et des oligarques exerçaient leur chantage sur l’État, tel que des organismes prédateurs comme l’ex-FCE dont l’existence a été exterminée, et ceci d’abord, grâce au Hirak béni et, ensuite, grâce à la présidentielle de 2019».

Par ailleurs APS s’est demandée «en quoi Mme Neghza et ses sbires, sont-ils gênés que l’État ait décidé de récupérer l’argent du peuple ?». La plainte de la présidente de la CGEA «ne vise qu’à réhabiliter ceux qui ont dilapidé l’argent du peuple avec la complicité des forces extraconstitutionnelles», assène l’agence officielle…

Enfin la réplique n’est pas plus tendre avec le gel des réunions de l’instance tripartite (patronat, syndicat et gouvernement), dénoncé par Mme Neghza. «Cette fameuse tripartite, servie durant deux décennies, et qui fut le théâtre du dépeçage de l’économie algérienne et des entreprises publiques», lâche APS.

On répète que ni la présidence de la République ni le gouvernement n’ont commenté la sortie de la présidente de la CGEA, mais on sait que l’agence officielle est la courroie de transmission du pouvoir et qu’elle agit là où les autorités ne le peuvent pas par souci du politiquement correct. Rappelons qu’en juillet dernier c’est elle qui avait porté l’attaque très sévère contre France 24 suite à ce qui a été qualifié de traitement tendancieux des feux de forêt en Algérie. Donc on peut raisonnablement penser qu’APS a été missionnée pour régler les comptes avec le patronat…

Saïda Neghza ne s’attendait certainement pas à une réponse aussi dure. Les autorités algériennes n’avaient pas pris leurs distances avec APS quand elle avait fait sa sortie au vitriol contre la chaîne publique française, et comme on dit “qui ne dit mot consent”. Dans le cas de la CGEA on peut parier aussi que les responsables du pays n’enlèveront pas une miette de ce qu’a dit l’agence officielle.

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