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Algérie : Après la rupture avec l’Espagne le divorce avec l’UE ?

Algérie : Après la rupture avec l’Espagne le divorce avec l’UE ?

L’Espagne, toute seule comme une grande, a pris la décision de basculer dans le camp du Maroc, ou plutôt le projet de Rabat sur le Sahara occidental, rompant avec une longue période de neutralité. Mais Madrid n’assume absolument pas les conséquences de ses actes, notamment les pertes que la querelle avec Alger cause pour les opérateurs espagnols. Alors le gouvernement espagnol met une pression folle sur l’Union européenne (UE) pour tordre le bras à l’Algérie, et ça les autorités algériennes n’aiment pas du tout…

Cette affaire a commencé en janvier dernier. Harcelé par l’opposition parlementaire et les hommes d’affaires pour reprendre langue avec Alger le gouvernement de Pedro Sanchez avait fait savoir que l’UE s’active pour solutionner le problème. Mais le blocage persiste. Il y a une semaine le directeur adjoint du commerce au sein de la Commission européenne (CE), Denis Redonnet, a avoué devant la presse espagnole que la dispute entre Alger et Madrid est «préoccupante».

Il avait ajouté qu’il est «constamment en contact pour déployer des efforts diplomatiques de manière collective» pour surmonter la crise. D’ailleurs il n’est pas le seul sur cet épineux dossier, le vice-président de la Commission européenne, Josep Borrell, également ; d’ailleurs il est annoncé en Algérie prochainement pour tenter de pacifier la situation. Mais il n’y a aucune indication sur la date de ce voyage…

Reste à savoir comment Borell sera reçu par le président Abdelmajid Tebboune. En effet en juin 2022 l’Algérie s’était insurgée contre le «parti-pris» de Bruxelles pour la cause de Madrid. Alger est toujours aussi remonté contre l’UE huit mois après. Un haut cadre du ministère algérien des Affaires étrangères l’a dit ouvertement auprès de l’agence officielle APS. Il a accusé Bruxelles hier jeudi dans la soirée de nourrir «sciemment la confusion entre les dimensions politique et commerciale» du conflit entre l’Algérie et l’Espagne.

Ce qui irrite le plus Alger c’est que le directeur adjoint du commerce au sein de la CE ferme les yeux sur «l’attitude obstructionniste» du gouvernement Sanchez, qui «bloque l’adoption des priorités du partenariat, négociées et finalisées depuis de nombreux mois, dans le cadre de la politique européenne de voisinage»…

L’Algérie dénonce le silence de Denis Redonnet «sur l’attitude irresponsable de ce même pays, l’Espagne, qui instrumentalise de manière abusive, la règle du consensus pour bloquer la convocation du Conseil d’association, organe politique statutaire chargé d’évoquer toutes les questions, tant politiques, économiques que commerciales».

Le responsable du ministère algérien des Affaires étrangères conclut en ces termes : «ces gesticulations et pressions de l’Espagne sont contre-productives» et «ne nous impressionnent guère».

Précisons qu’Alger a un problème avec l’UE et sa machine administrative, et pas avec les Etats-membres. Rappelons les excellentes relations commerciales entre l’Algérie et l’Italie, avec la France aussi même si les liens entre Paris et Alger traversent en ce moment une zone de turbulence à cause de l’affaire Bouraoui. Le seul gros problème en fait c’est l’Espagne et il faudra le résoudre rapidement avant que ça compromette les relations avec Bruxelles.

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