« Business as usual » en dépit des tensions diplomatiques entre l’Algérie et la France, disait-on en février 2023. La venue à Alger de la Première ministre française de l’époque, Elisabeth Borne, après la visite historique du président Emmanuel Macron, a confirmé que les liens commerciaux étaient au beau fixe. Les entrepreneurs français installés en Algérie ont fait part dernièrement de leur angoisse face à la dégradation sans précédent des relations diplomatiques. L’entretien très positif entre le patron du géant français CMA CGM et le chef de l’Etat algérien a apporté la preuve qu’Alger sait faire preuve de pragmatisme quand ses intérêts supérieurs le dictent. Les dernières données sur les exportations de gaz le démontrent de nouveau.
La France, après des mois d’oscillations, est redevenue en mai 2025 le premier client du gaz naturel liquéfié (GNL) algérien. Globalement les exportations du pays sont dans une belle dynamique, avec des volumes différents en fonction des acheteurs européens…
D’après les indicateurs de l’Energy Research Unit, domiciliée à Washington, la France a acheté 0,258 million de tonnes de GNL algérien en mai dernier, ce qui fait 26,8% du total des exportations. Ces quantités ont enregistré un net rebond, +12,7% en comparaison avec avril 2025, même si les volumes affichent une baisse de 15% par rapport à ceux enregistrés en mai 2024.
Avec de telles importations la France passe devant l’Italie, avec ses 0,219 million de tonnes importées en mai 2025. Pourtant la demande italienne a fait une progression phénoménale de 45% sur un mois et de 82% sur un an. La Turquie garde sa troisième position avec 0,215 million de tonnes, ce qui représente une baisse de 23% sur un an.
Mais la grande nouveauté est la percée du Royaume-Uni fait parmi les principaux clients du gag algérien, avec des achats de 0,137 million de tonnes alors que les Britanniques étaient inexistants en avril dernier. Par contre l’Espagne, dont les importations étaient remontées en avril 2023, recule fortement avec à peine 0,068 million de tonnes en mai 2025, -51% par rapport à avril dernier et 57% sur un an.
Globalement les exportations de GNL algérien se sont hissées à 0,962 million de tonnes en mai 2025, une évolution de 23% en comparaison avec avril mais un repli de 16% par rapport à mai 2024. Le marché reste volatile après un premier trimestre 2025 compliqué, durant lequel les exportations algériennes avaient plongé de 25% en glissement annuel…
Mais les difficultés étaient principalement conjoncturelles, notamment les opérations de maintenance dans les complexes gaziers d’Arzew et de Skikda. Mais même malgré ces écueils passagers l’Algérie reste le deuxième exportateur africain de GNL, derrière le Nigeria.
Le rebond de la France, un pays qui produit massivement de l’énergie nucléaire, indique clairement que le gaz algérien a une importance croissante en Europe, surtout depuis que les 27 Etats membres de l’Union européenne cisaillent les intérêts de la Russie dans le vieux continent. L’Algérie a une carte à jouer dans ce contexte mondial tourmenté, à condition de garder et même hausser la cadence de sa production…
Alger prévoit de monter à 200 milliards de mètres cubes par an d’ici 2028 ; le pays devra aussi maintenir le cap dans la diversification de ses clients, après le grand coup frappé en Slovénie.
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