Xavier Driencourt a été ambassadeur de France en Algérie, de 2008 à 2012 puis de 2017 à 2020. Une telle longévité à ce poste dans le même pays, c’est assez rare pour être souligné. Donc forcément l’homme connait très bien l’Algérie, ses arcanes, ses officines secrètes, surtout sous l’ère Bouteflika. Cette fine connaissance du pays l’ex-ambassadeur l’a partagée dans un livre intitulé “L’énigme algérienne“, paru en 2022. Driencourt est devenu au fil du temps un spécialiste des questions algériennes et il n’est pas rare qu’il donne la mesure de son expérience dans les débats. Sauf que très souvent il dit du mal de l’Algérie. Alger pourrait avoir son match retour avec le déballage sur les liens troubles entre l’ex-ambassadeur et les caciques de l’ancien régime algérien.
“La vengeance est un plat qui se mange froid”, a-t-on coutume de dire, là en l’occurrence on parlera de la revanche de l’Algérie, avec des dossiers dont la justice s’est saisie et qui pourraient valoir à l’ex-émissaire de la France de gros ennuis. Là on atterrit directement dans les sombres affaires qui ont émaillé le règne de feu le président Abdelaziz Bouteflika : détournements de fonds, dilapidation des deniers publics, corruption, trafic d’influence, etc.
Et Driencourt est cité dans certains dossiers explosifs, surtout pour un homme de son rang. On parle surtout de l’hospitalisation prolongée de Bouteflika en France, qui a déclenché un torrent de conjectures et supputations sur les relations opaques entre Paris et Alger à l’époque. Il y a une autre affaire dans laquelle l’ex-ambassadeur serait mouillé : la vente au businessman Réda Kouninef (très proche du palais présidentiel) d’un terrain appartenant à l’État français, niché à El Biar…
Le montant de la transaction pour ce domaine de 10 517 m² est largement en-dessous de sa valeur réelle. Les autorités foncières algériennes sont d’avis qu’une partie de la somme a été détournée, elles ont invité les autorités françaises à enquêter sur cette opération présumée frauduleuse et attentatoire aux intérêts publics des deux pays.
A la limite si l’ex-ambassadeur s’était tenu tranquille dans son coin Alger aurait pu réduire la voilure sur cette affaire, il a fallu que Driencourt multipliât les sorties au vitriol depuis la parution de son livre. C’est lui qui a déclaré que «l’Algérie ne comprend que la loi du plus fort» et que «45 millions d’Algériens veulent fuir leur pays pour venir vivre en France». Une sortie dont l’ancien Premier français Edouard Philippe s’est certainement délecté, et que dire du nouveau ministre français de l’Intérieur…
C’est aussi l’ex-ambassadeur qui pointe du doigt fréquemment cette Algérie «corrompue» et «mal gérée».
On peut difficilement demander à Alger de consentir à ménager un homme qui assume publiquement son statut d’ennemi numéro 1 de l’Algérie en France. Driencourt a enfoncé le clou et chargé sa barque quand Paris a officiellement pris fait et cause pour le Plan d’autonomie marocain sur l’épineux dossier du Sahara occidental. L’ex-diplomate avait provoqué un tollé en assénant que la France avait «plus intérêt» à renforcer ses liens avec le Maroc, puisque les relations avec l’Alger stagnent.
Le président français Emmanuel Macron a fini par exaucer ses voeux, au-delà de ses espérances, puisque la marocanité du Sahara occidental est même inscrite dans les manuels scolaires français, avec un remodelage de la carte du royaume, la carte de toutes les passions. Driencourt traîne donc un lourd passif et il est évident qu’Alger fera tout pour qu’il le solde, comme il a fait payer les pontes de l’ancien régime qui se sont planqués en France et y ont planqué l’argent volé.
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