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Algérie : l’Italie et l’Espagne se “disputent” le gaz naturel

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Dans ce contexte de tension sur les marchés mondiaux, c’est le sauve-qui-peut ; même des pays de l’Union européenne peuvent être amenés à se tirer dans les pattes, surtout quand il s’agit de se disputer des produits aussi vitaux que le gaz et le pétrole. On file droit vers ce scénario, entre l’Italie et l’Espagne, avec l’Algérie au milieu pour défendre au mieux ses intérêts, Alger qui au passage pourrait en profiter pour régler quelques comptes avec Madrid

Le chef de la diplomatie italienne était récemment en Algérie pour démarcher la possibilité de gonfler le flux du gaz algérien en direction de l’Italie. Une affaire de la plus haute importance dans cette conjoncture de flambée des prix des hydrocarbures du fait de la guerre en Ukraine. Le Premier ministre italien, Mario Draghi, a débarqué à Alger à son tour pour bétonner le dossier. Résultat des courses : la Sonatrach et le ténor italien Eni ont paraphé lundi dernier un accord pour hausser l’approvisionnement de l’Italie en gaz naturel algérien.

«Après la crise en Ukraine, l’Italie cherche à renforcer ses capacités dans le domaine du gaz naturel afin de réduire la dépendance au gaz russe, et l’accord auquel nous sommes parvenus aujourd’hui s’inscrit dans ce cadre», avait déclaré Draghi lundi dernier à Alger. L’Italie a déjà réservé 9 milliards de mètres cubes de plus par an d’ici 2023-2024, Eni a indiqué que les volumes supplémentaires seraient «le résultat de l’étroite collaboration dans le développement de projets gaziers en amont», a indiqué Bloomberg, repris par Algérie Eco. Mais patatras : Cette affaire pourrait frapper directement l’Espagne.

Dès qu’elles ont appris que les Italiens se sont bien positionnés en Algérie, les autorités espagnoles ont été gagnées par la panique et ont immédiatement contacté le gouvernement italien pour s’assurer que l’approvisionnement de l’Espagne en gaz algérien sera sain et sauf. On a appris que «des diplomates italiens et espagnols sont en pourparlers après que la décision de Rome de sécuriser de gros volumes de gaz algérien a alimenté les inquiétudes de Madrid».

Rappelons que le GME, qui desservait l’Espagne en transitant par le Maroc, a été coupé net par l’Algérie en novembre dernier. L’Espagne craint maintenant qu’Alger lui fasse payer son revirement spectaculaire sur le dossier du Sahara occidental. En effet le patron de la Sonatrach n’avait pas hésité à donner du crédit aux bruits sur des représailles algériennes en majorant fortement les tarifs du gaz. Cela n’avait pas empêché le Premier ministre espagnol d’aller festoyer avec le roi du Maroc

Un responsable italien a beau déclarer que le partenariat scellé avec l’Algérie «n’affecterait pas les approvisionnements espagnols», Madrid n’est pas rassuré pour autant. Pas plus tard que jeudi dernier, la troisième vice-présidente du gouvernement espagnol et ministre de la Transition écologique, Teresa Ribera, a dit que l’Algérie va certainement monter le prix du gaz vers l’Espagne…

 

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