Le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a exprimé son inquiétude face aux efforts de certains milieux “extrémistes” en France visant à déformer le dossier de la mémoire liée à la colonisation de l’Algérie par la France. Il a souligné que ces groupes cherchent à reléguer cette question au second plan, voire à l’effacer de la mémoire collective.
Cette déclaration intervient à l’occasion du 63e anniversaire des massacres du 17 octobre 1961, un événement tragique dans l’histoire de la lutte pour l’indépendance de l’Algérie.
Une tragédie historique
Le 17 octobre 1961 est marqué par l’un des pires événements de la guerre d’Algérie. Ce jour-là, des milliers d’Algériens, résidant en France, ont défilé pacifiquement dans les rues de Paris pour protester contre un couvre-feu discriminatoire imposé par les autorités françaises aux seuls Nord-Africains. En réponse, la police, sous la direction du préfet de police Maurice Papon, a violemment réprimé la manifestation. Les forces de l’ordre ont tiré sur les manifestants, en ont frappé d’autres à mort et en ont jeté plusieurs dans la Seine.
Si les chiffres exacts des victimes restent flous, certaines estimations évoquent jusqu’à 12 000 morts. Toutefois, le bilan officiel est toujours sujet à débat, beaucoup estimant que le nombre réel est bien supérieur.
Tebboune : La mémoire doit être préservée
Dans son message au peuple algérien, Abdelmadjid Tebboune a rappelé l’importance de cette date dans la mémoire collective algérienne. Il a souligné que les images tragiques des Algériens tués à Paris ce jour-là témoignent de l’inhumanité de la répression coloniale et de la profonde relation qui unit les Algériens dans leur lutte pour l’indépendance.
Le président a réitéré la position de l’Algérie selon laquelle la question de la mémoire ne doit pas être oubliée ou falsifiée. Il a également pointé du doigt certains groupes en France qui tentent de minimiser ou de détourner cette histoire tragique, tout en réaffirmant l’engagement de l’Algérie en faveur de la vérité et de la justice concernant son passé colonial.
Des relations algéro-françaises tendues
Le dossier de la mémoire coloniale reste un point de tension majeur entre l’Algérie et la France. Malgré la mise en place d’une commission mixte sur l’histoire et la mémoire en 2022, les relations entre les deux pays se sont récemment détériorées. En septembre 2024, le président Tebboune a annulé une visite officielle prévue en France, dénonçant une campagne de haine orchestrée par l’extrême droite française contre l’Algérie.
En outre, le président algérien a critiqué la réticence de la France à aborder des questions sensibles, telles que le nettoyage des déchets nucléaires laissés après les essais atomiques français en Algérie entre 1960 et 1966. Ces questions demeurent des obstacles à la normalisation complète des relations entre les deux nations.
Le devoir de mémoire
Pour Tebboune, il est crucial que le dossier de la mémoire ne soit pas relégué aux oubliettes. Il appelle à un nouvel élan de courage et d’honnêteté pour surmonter les obstacles du passé colonial et construire un avenir de coopération entre les deux pays.
Cependant, il reste ferme sur le fait que la reconnaissance et la justice pour les crimes de l’époque coloniale sont essentielles à cette réconciliation.
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