L’augmentation de l’allocation touristique en Algérie, annoncée le 8 décembre 2024, marque un tournant important pour les voyageurs algériens. Le président Abdelmadjid Tebboune a officialisé cette hausse, faisant passer l’allocation de 100 à 750 euros pour les adultes et à 300 euros pour les mineurs, avec une entrée en vigueur prévue en janvier 2025.
Si cette mesure est accueillie favorablement, elle soulève également des questions sur ses modalités et son impact économique.
Une allocation révisée après plus de deux décennies
L’allocation touristique, inchangée depuis 1997, était auparavant fixée à un peu plus de 100 euros, un montant dérisoire face aux coûts des voyages internationaux. L’augmentation à 750 euros représente une progression significative. Une famille de quatre personnes (deux adultes et deux mineurs) pourra désormais accéder à un montant total de 2 100 euros, suffisant pour financer un séjour d’une semaine en Tunisie, première destination des Algériens.
Cependant, ce montant reste bien en deçà de celui des pays voisins : en Tunisie, l’allocation atteint 1 800 euros et en Égypte, elle s’élève à 10 000 euros.
Des modalités encore floues
Les détails d’application de la mesure ne sont pas encore définis. Une question cruciale concerne la nécessité de présenter un billet d’avion ou un visa pour accéder à l’allocation. Si cela est requis, cela pourrait exclure une grande partie des voyageurs se rendant en Tunisie par voie terrestre.
De plus, l’impact économique de cette mesure inquiète. En multipliant par 7,5 le montant de l’allocation, le coût global pour l’État pourrait atteindre 4,18 milliards d’euros par an, selon l’économiste Chabanne Assad. Cette dépense viendrait peser sur des réserves de change estimées à 72 milliards de dollars.
Une lutte contre le marché informel
L’un des objectifs sous-jacents de cette mesure est de contrer le marché parallèle des devises. L’économiste Chabanne Assad estime que cette augmentation portera « un coup de massue » au marché noir. Pourtant, dans les jours qui ont suivi l’annonce, l’euro et le dollar ont atteint de nouveaux records sur ce marché, laissant planer des doutes sur l’effet immédiat de la réforme.
Une mesure bien accueillie, mais perfectible
Cette hausse de l’allocation touristique est perçue comme un soulagement pour les voyageurs algériens, mais elle ne résout pas tous les problèmes. Les interrogations sur son financement, ses modalités d’application et son impact sur l’économie nationale demeurent.
Pour y faire face, des propositions comme l’utilisation des transferts de la diaspora (1,8 milliard d’euros en 2023) et la régulation du marché informel des devises pourraient être explorées.
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