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Ali Larayedh, l’homme par qui les malheurs sont arrivés

Ali Larayedh, l’homme par qui les malheurs sont arrivés

Les faits, la réalité en face de déclarations publiques surréalistes la veille du drame de Montplaisir. Ali Larayedh était à des années-lumière d’imaginer ce qui allait lui arriver le 9 décembre 2021. Il faut respecter et s’incliner devant la douleur humaine, même si cela ne nous exonère pas d’un regard froid sur l’histoire, sur le passif, tout le passif, surtout quand ce passif-là concerne des millions de gens et a causé de terribles souffrances humaines…

Une responsabilité historique dans cette décennie de plomb

De tout ce qu’a fait Ennahdha ces 10 dernières années, une décennie de plomb, Larayedh n’a rien voulu reconnaître. Une dénégation totale, une politique de l’autruche qui colle à la peau des islamistes du reste. Mais quand ça touche des sujets aussi sensibles que l’envoi de nos jeunes dans les théâtres de guerre au nom du djihad, quand ça touche l’extrémisme, le terrorisme et les assassinats politiques, nier les évidences et les faits est un crime contre notre propre humanité qui s’ajoute aux autres crimes.

Larayedh soutient que les islamistes ne sont en rien mouillés dans le départ des jeunes vers la Syrie, l’Irak ou la Libye, et qu’il n’y a aucune preuve formelle de telles accusations. Il est évident qu’on n’en trouvera pas. Échaudés par leur douloureuse expérience de l’islam politique sous Ben Ali, les nahdhaouis ont développé des techniques de dissimulation qui frisent le grand art. Par ailleurs pour ce qui est des preuves, quelle preuve plus formelle que le fait que les islamistes étaient aux responsabilités au moment de cette sombre page de l’histoire de la Tunisie…

Etre aux responsabilités c’est par définition être responsable, quoi qu’on fasse. Même ne rien faire, laisser-faire, transformer les frontières tunisiennes en passoire pour des jeunes désorientés et déstructurés mentalement c’est en soi un crime contre la nation.

Ellouze, Chourou, Atig, Iyadh… : Personne n’a pu oublier

Si Larayedh semble avoir oublié les propos terribles de Habib Ellouze, nous non. Nous n’avons pas pu oublier sa déclaration publique en mai 2013 : si j’étais plus jeune je partirais faire le djihad en Syrie… Une sortie inqualifiable qui a fait naître beaucoup de vocations de “combattants de l’islam”. Il y a eu aussi Sadok Chourou, un pur produit de l’extrémisme religieux, qui enflammait régulièrement les faibles d’esprit…

Personne n’a pas oublier la sortie publique de Sahbi Atig, un autre apôtre de la violence qui en pleine avenue Bourguiba appelait ouvertement à verser le sang des anti-révolutionnaires. C’était en juillet 2013. Nous n’avons pas pu oublier tous ces excités qui peuplaient les rues et haranguaient les foules avec leurs mégaphones, pour inviter les citoyens à l’intolérance, à la haine, au djihad et aux autres joyeusetés. Etc. Nous n’avons pas oublié…

Et Ali Larayedh était bien là, aux manettes, en tant que ministre de l’Intérieur ou chef de gouvernement. Il était là quand on a tiré sur Chokri Belaïd, en pleine rue, ce fameux 06 février 2013. Loin de moi l’idée de dire qu’il avait une responsabilité directe dans cette affaire qui a terni la réputation de la Tunisie, mais le fait est qu’il avait la charge de la sécurité publique, donc forcément responsable. Le dirigeant nahdhaoui était là aussi – à la tête du ministère de l’Intérieur – quand Washington a alerté sur l’imminence du meurtre d’un député, peu avant l’horrible assassinat de Mohamed Brahmi le 25 juillet 2013. Larayedh était chef du gouvernement. Là aussi ni coupable ni responsable ?

Ali Larayedh était là et bien là, à la tête de toutes les forces de police de la République, quand les hordes d’extrémistes ont pris d’assaut l’Ambassade des USA à Tunis le 14 septembre 2012. Les assaillants ont pu tranquillement mettre à sac les lieux sans que les sécuritaires ne bougent le petit doigt, au motif que les envahisseurs ont eu un coup de génie : Passer par derrière alors qu’on les attendait devant. Là aussi Larayedh n’était ni coupable ni responsable ?

Et que dire du tristement célèbre Abou Iyadh, cerné par une armée de policiers en septembre 2012 et qui a pu tranquillement passer entre les mailles du filet au prétexte qu’il fallait absolument éviter un carnage au coeur de la capitale. Là aussi le patron des forces de sécurité à l’époque, Ali Larayedh, a plaidé non coupable et même pas responsable.

A côté des propos surréalistes du dirigeant d’Ennahdha il y a cette réalité non moins surréaliste : Personne n’a payé pour tout ça. Aucune condamnation, à part les seconds couteaux. Il faut comprendre l’écœurement des citoyens-électeurs, qui s’excitent, s’emportent jusqu’à fouler au pied le deuil de la famille de la victime de Montplaisir.

C’est tout ça et bien d’autres choses – je vous ai épargné le naufrage économique du pays – que le chef de l’Etat, Kais Saied, va commencer à solder à partir de ce 17 décembre. Après ça il y aura sans doute la main de fer de la justice. Il y a des chances que la courte carrière des Frères musulmans en Tunisie s’arrête ici et maintenant. Samir Dilou, une des prétendues figures modernes de l’islam politique, ne croyait pas si bien dire.

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