A la une

Allemagne : Après la privation de nationalité pour les étrangers anti-israéliens d’autres frappes…

Partager

L’Allemagne n’en finit pas de donner des gages à Israël pour alléger l’éternel fardeau qu’Adolf Hitler a mis sur le dos de générations d’Allemands, avec ce qui a été fait aux Juifs durant la seconde guerre mondiale (l’Holocauste). Après les nouvelles dispositions sur la privation de nationalité aux étrangers qui ne reconnaitront pas formellement le droit d’Israël à exister voilà une strate de plus dans cette fuite en avant dont personne ne connait l’issue : Même les artistes et les acteurs du monde culturel accusés de défendre la cause palestinienne sont blacklistés, ostracisés…

Depuis le 7 octobre dernier, date à laquelle le Hamas a perpétré son attaque sanglante en Israël, les autorités allemandes sont sur les dents, à l’affut du moindre frémissement jugé pro-palestinien. Une pléthore de manifestations culturelles ont été tout bonnement interdites au motif que les initiateurs ont pris des positions en faveur de la population palestinienne. L’exposition de l’artiste Candice Breitz dans la ville allemande de Saarbruck a été annulée du fait de sa posture sur la guerre entre Israël et le Hamas.

Au nom du combat contre l’antisémitisme, qui a bondi en Allemagne depuis le début des hostilités, la liberté artistique et la liberté de penser sont sérieusement rognées. D’après Candice Breitz, qui est elle-même juive, “les institutions allemandes risquent d’éviter de plus en plus de travailler avec des artistes engagés politiquement”, préférant des artistes “dociles et peu enclins à poser des questions critiques“, rapporte BFMTV ce mardi 19 décembre.

L’avenir de l’art contemporain en Allemagne pourrait ressembler au passé“, a ajouté l’artiste, dont pourtant l’exposition parlait d’un tout autre sujet que la Palestine : Un film sur les travailleuses du sexe dans son pays natal, l’Afrique du Sud.

D’autres pays européens ont annulé des événements pour les mêmes raisons mais en Allemagne la chose prend des proportions ahurissantes. L’oeuvre de Candice Breitz était programmée au musée de la Sarre en 2024 mais les organisateurs lui ont annoncé le mois dernier qu’elle a été rayée de la liste.

Le Fonds du patrimoine culturel de la Sarre assume, droit dans ses bottes : il “n’offrirait pas de plateforme aux artistes qui ne reconnaissent pas la terreur du Hamas comme une ‘rupture civilisationnelle’, ou qui brouillent consciemment ou inconsciemment les frontières entre les actes légitimes et illégitimes“.

Pourtant Candice Breitz a déclaré avoir condamné publiquement, à plusieurs reprises, l’assaut du Hamas, mais c’est sa sortie sur la riposte “disproportionnée” de l’armée israélienne qui ne passe pas auprès des organisateurs, qui eux-mêmes redoutent les foudres des autorités s’ils laissent l’artiste passer sa vidéo…

Je ne remets pas en cause le droit d’Israël à se défendre contre le terrorisme, mais je pense que la punition collective des civils de Gaza ne peut être la solution“, a martelé l’artiste de 51 ans. “La notion selon laquelle tout juif progressiste dans ce pays peut être soupçonné d’antisémitisme, à moins qu’il ne dénonce publiquement le Hamas, est ridicule“, a-t-elle asséné.

Les mêmes malheurs frappent une Russo-Américaine du monde littéraire, Masha Gessen : elle devait recevoir vendredi dernier le prestigieux prix Hannah Arendt pour la pensée politique, la récompense n’est plus d’actualité. Elle est pointée du doigt pour un de ses essais paru dans le New Yorker et dans lequel elle compare la bande de Gaza aux ghettos juifs en Europe sous l’ère nazie. Une fondation qui finance le prix a jugé ces commentaires “inacceptables” et a boycotté la cérémonie.

Par ailleurs un autre prix littéraire de poids qui devait être décerné à l’écrivaine britannique Sharon Dodua Otoo a été confisqué ; ses détracteurs sont allés jusqu’à déterrer une pétition qu’elle avait signée il y a huit ans et qui, disent-ils, appuyait un mouvement de boycott d’Israël. L’artiste a fini par se désolidariser de cette pétition et a proposé que le prix de 15 000 euros soit remis à une oeuvre caritative.

Ce n’est pas fini, La Berlinale de photographie, qui devait être organisée dans trois villes allemandes en 2024, a été annulée suite à la publication de slogans pro-palestiniens sur les réseaux sociaux par l’un de ses commissaires. La ministre de la culture Claudia Roth a  déclaré que “la sécurité d’Israël est un principe fondamental” pour l’Allemagne et que laisser les espaces culturels “ouverts et sûrs pour tout le monde” n’est pas évident, mais “nous devons essayer“…

En l’occurrence “essayer” c’est faire régner la censure absolue, purement et simplement. Et il y a des chances que cela dure vu que le chaudron du Proche-Orient est loin de s’apaiser, avec le Premier ministre israélien qui parle maintenant de plusieurs mois – certains disent années – pour en finir définitivement avec le Hamas.

Laissez un commentaire