Aux grands maux les grands moyens. L’Allemagne se remet difficilement de l’attaque au couteau qui a fauché 3 vies et causé 8 blessés il y a 3 jours à Solingen, dans l’ouest du pays. Le traumatisme national est profond, la colère aussi, après ce carnage perpétré par un homme d’origine syrienne et revendiqué par l’organisation terroriste “Etat islamique” (“Daesh“). Et comme la dernière fois qu’il y a eu un attentat la tuerie a ravivé les débats passionnés sur l’immigration et la sécurité, dans un pays que ses vieux démons xénophobes titillent encore.
Le chancelier Olaf Scholz avait dans un premier temps dégainé le durcissement de la législation sur les armes blanches pour calmer la grogne populaire, mais de toute évidence ça ne suffira pas. “Ils volent les places dans les crèches et les maisons de retraite, ils volent notre argent et nos appartements“, a asséné une employée dans les soins aux personnes âgées, rapporte BFM ce mardi 27 août. La dame est pourtant une immigrée, résidente en Allemagne depuis 20 ans…
Elle n’en démord pas : le flux dense de réfugiés dans la ville de Solingen est responsable de l’attaque au couteau. Un autre habitant tempère en disant que le drame ne fait qu’accentuer les tensions. Et il n’a pas tort, dimanche dernier deux manifestations aux revendications opposées ont animé le centre-ville, celle de la Junge Alternative, mouvement de jeunesse de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) et celle des adversaire de l’extrême droite. L’AfD, qui s’était fait discret après sa percée historique aux dernières élections européennes (il est arrivé 2e), a trouvé un autre combat.
Le chancelier Scholz, sous la pression populaire, a revu sa copie sur l’immigration. Il a convoqué la presse hier lundi 26 août sur les lieux de l’attentat pour annoncer l’accélération des expulsions des clandestins. Une porte-parole du ministère de l’Intérieur explique que ce tour de vis est un des aspect du renforcement des contrôles aux frontières, un virage pris il y a plusieurs mois.
Du pain bénit pour l’AfD, laquelle surfe sur l’attaque pour muscler sa campagne pour les élections régionales programmées le week-end prochain. L’un des candidats du parti d’extrême droite, Bjoern Hoecke, a mis les électeurs devant un choix terrible et horrible : “Hoecke ou Solingen“.
Depuis que le pays a ouvert ses portes en 2015, sous la houlette de l’ex-chancelière Angela Merkel, le débat sur l’immigration en Allemagne monte en intensité, avec un pic en 2023 du fait de “l’explosion” (tout est relatif, c’est sans commune mesure avec l’Italie ou même la France) des chiffres de l’immigration clandestine. Mais le maire de la ville de Solingen, Tim Kurzbach, a invité hier lundi à la retenue. “Les débats doivent être menés ailleurs et pas sur le dos des habitants de cette ville“, a-t-il lâché, après avoir fustigé l’exploitation politique.
Rappelons que l’auteur présumé de l’attaque de vendredi s’est rendu aux autorités après 24 heures de cavale, c’est un Syrien de 26 ans. Il a débarqué dans le pays en décembre 2022 et s’est soustrait à une décision d’expulsion. Il était admis dans un centre pour réfugiés du centre-ville, niché pas loin du lieu de l’attentat.
Que se passe-t-il en Tunisie?
Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!
Commentaires