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Allemagne : Les naturalisés devront se tenir à carreau, Merz ouvre grand la porte de la déchéance de nationalité

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Le nouveau chancelier allemand, Friedrich Merz, n’est pas un conservateur pour rien ; pour ceux qui en doutaient il sera encore plus intraitable qu’Olaf Scholz, qui n’est pourtant pas un tendre. Les binationaux doivent le savoir : Rien ne leur sera pardonné. Berlin se préparer à corser sa législation sur la déchéance de nationalité. Ceux qui seront épinglés pour des actes antisémites, extrémistes ou accusés de collusion avec des terroristes ont du souci à se faire…

L’Allemagne a été frappée dernièrement par une série d’attaques terroristes qui n’ont pas toujours un rapport avec les développements du conflit à Gaza. Il y a quelques mois la société allemande a été secouée par la guerre entre Israël et le Hamas, mais dernièrement ce sont des violences d’une toute autre nature qui endeuillent le pays. Pour ça et tous les autres fléaux les nouvelles autorités ont décidé de serrer la vis…

Un document de travail circule actuellement, il sera scruté et discuté par les membres de la future coalition qui présidera aux destinées de l’Allemagne. Ce qu’on sait déjà c’est que beaucoup de verrous autour du retrait de la citoyenneté vont sauter, la seule condition est que l’expulsion n’est envisageable que si l’individu a une autre nationalité.

La réforme, intitulée «Loi sur la citoyenneté», ouvre la voie à la possibilité juridique de retirer la nationalité aux étrangers déclarés coupables d’actes extrémistes ou qui appellent à attenter aux fondements démocratiques du pays. La frappe ciblerait exclusivement les personnes titulaires d’une double nationalité, pas question de transgresser le droit international.

Le statut des immigrés, l’intégration et la sécurité intérieure seront parmi les dossiers phares entre la CDU/CSU (conservateurs) et le SPD (sociaux-démocrates), après leur accord historique sur l’urgence de réarmer l’Allemagne. Mais dans les rangs du SPD, notamment le maire de Brême Andreas Bovenschulte, la déchéance de nationalité fait grincer des dents…

Les sociaux-démocrates redoutent qu’un tel virage émette un message négatif vers les 5 millions de binationaux résidant en Allemagne. Il ne faudrait pas qu’ils nourrissent l’idée qu’il y a une citoyenneté à double vitesse, que certains statuts sont plus fragiles que d’autres, avec la même carte d’identité. Et puis il y a le risque que l’antisémitisme et l’extrémisme soient un fourre-tout, qu’on y greffe des motivations subjectives inavouables – racisme, xénophobie, islamophobie – en l’absence de critères clairs et uniformes. Attention aux discriminations et aux inégalités devant la loi.

L’Allemagne n’est pas la seule dans ce tourbillon, d’autres pays membres de l’espace Schengen tels que les Pays-Bas et le Danemark planchent aussi sur des règles plus sévères en matière de citoyenneté, notamment en cas d’actes à caractère haineux ou terroriste. De ce point de point de vue ces pays marchent sur les pas de la France, où la déchéance de nationalité n’est plus une étrangeté.

La tendance est au remodelage de la notion de nationalité en Europe, avec un droit qui n’est plus gravé sur le marbre. Pour l’Allemagne, qui a tout fait pour gommer tout relent nazi après la Seconde guerre, ce débat est en soi une vraie Révolution, avec tous les débordements que ce dossier inflammable peut provoquer. Friedrich Merz fera beaucoup de bruit…

 

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