On a longtemps accusé l’Allemagne de faire preuve de mauvaise volonté pour secourir l’Ukraine, malmenée par la Russie depuis plus d’un an. Mais en réalité si Berlin louvoie et lambine c’est parce que son armée et son industrie militaire ne sont même pas en mesure de défendre le pays. Que dire d’aller aider les autres…
Le traumatisme consécutif à la chute de l’Allemagne nazie a laissé des traces. Pendant des décennies la société allemande a catégoriquement refusé de se réarmer, lestée par des considérations morales et philosophiques. Au point qu’en 2023 l’armée allemande manque de «tout», a clamé la commissaire à la Défense au Bundestag (Parlement), Eva Högl. La guerre de Vladimir Poutine a provoqué un réveil brutal.
Le chancelier Olaf Scholz, terrifié par les souffrances infligées aux Ukrainiens, avait annoncé fin février 2022 un paquet de 100 milliards d’euros pour requinquer l’armée allemande. «Pas un euro ni un centime de ce fonds spécial n’a encore été dépensé», a déploré Mme Högl ce mardi 14 mars.
«La Bundeswehr manque de tout, et elle en a encore moins depuis le 24 février 2022», date à laquelle les chars russes ont fait irruption en Ukraine. «Cela concerne la formation, les exercices et aussi l’équipement en opération», a ajouté la parlementaire lors de la présentation de son rapport. Elle a affirmé que l’armée allemande «n’est pas entièrement opérationnelle».
«Nous n’avons pas assez de chars pour pouvoir former, pour pouvoir nous entraîner et pour avoir ensuite les moyens nécessaires lors d’un engagement, il manque des bateaux et des navires, il manque des avions», a ajouté Mme Högl. «C’est pourquoi je demande que cet argent important pour la Bundeswehr parvienne rapidement aux troupes et que cette année, certaines choses soient acquises de manière tangible», a-t-elle dit en direction du gouvernement.
La députée a dit que l’armée nationale souffrait déjà de carences mais que les livraisons de chars, de véhicules blindés et de munitions à l’Ukraine ont aggravé la situation…
Et ce n’est pas tout, le rapport souligne par ailleurs la situation «lamentable» des camps militaires. «Il manque des logements, des toilettes qui fonctionnent, des douches propres, des casiers, des installations sportives couvertes, des cuisines pour les troupes, des installations d’encadrement, des dépôts de munitions et des armureries, sans oublier le wifi», a déclaré la parlementaire.
Selon elle il y a un «énorme besoin d’investissement» de toute urgence, quelque «50 milliards d’euros». Elle a justifié cela par un gonflement des effectifs de l’armée, +12% en 2022, pour dépasser le seuil de 180 000 soldats. Mais il y a un hic : Le taux d’abandon durant les six premiers mois, il est «trop élevé», jusqu’à 21% dans certains segments de l’armée.
Olaf Scholz avait claironné fin septembre dernier qu’il veut doter l’Allemagne de la «force armée la mieux équipée d’Europe». Mais on en est encore très loin. On l’avait vu il y a quelques mois bouder la France pour aller pactiser avec Israël, les USA, l’Inde et d’autres pays européens autour d’un programme militaire. Puis il s’est retourné vers Paris en janvier dernier pour poser les bases d’une défense commune, voire européenne. Bref, tout ça reste flou et surtout il manque du concret.
Le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, avait évalué à 10 milliards d’euros de plus chaque année le budget pour élever le niveau de la Bundeswehr. A quand la matérialisation des promesses gouvernementales ? Personne n’a la réponse, à part peut-être le chancelier…
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