La Dre Afef Hammami, spécialiste en gériatrie et présidente de l’Association tunisienne de lutte contre la maladie d’Alzheimer, a annoncé une avancée majeure dans le domaine du diagnostic et du traitement de la maladie. Il est désormais possible, selon elle, de détecter la maladie d’Alzheimer plusieurs années avant l’apparition des premiers symptômes, grâce à une simple analyse de sang.
Dans une déclaration à l’agence TAP (Tunisie Afrique Presse), la Dre Hammami a expliqué que ce test sanguin permet de repérer l’accumulation de protéines dans le cerveau, notamment la protéine bêta-amyloïde, qui est fortement liée au développement de la maladie. Ce test, récemment approuvé par la Food and Drug Administration (FDA) américaine, constitue une véritable révolution médicale.
Elle précise que ce type de diagnostic pourrait être adopté en Tunisie dans les prochaines années, une fois validé par l’Agence européenne des médicaments. Il permettrait d’intervenir beaucoup plus tôt, en amont de l’apparition des troubles cognitifs, et d’éviter de nombreuses complications et examens lourds.
La Dre Hammami a également évoqué un nouveau traitement appelé Leqembi, récemment autorisé à la commercialisation en Europe (avril 2025), après avoir été validé il y a deux ans par la FDA. Ce médicament ralentit la progression de la maladie de 27 % et représente une avancée thérapeutique majeure, car il cible directement la cause du trouble, et non uniquement les symptômes.
Administré sous forme d’injection toutes les deux semaines pendant 18 mois, Leqembi coûte environ 50 000 dinars tunisiens. Son efficacité est optimale au stade précoce de la maladie, dès l’apparition de troubles légers de la mémoire ou de la prise de décision.
Le traitement agit en réduisant l’accumulation de la bêta-amyloïde dans le cerveau, protéine qui empêche la communication entre les cellules nerveuses et entraîne leur mort progressive. Cette accumulation est favorisée par divers facteurs de risque tels que le diabète, l’hypertension, le tabagisme, le cholestérol élevé, ainsi que la prédisposition génétique.
La Dre Hammami a qualifié ces récentes avancées de « révolution scientifique », après des décennies durant lesquelles Alzheimer était considéré comme une maladie incurable. Elle souligne que ces progrès permettront non seulement d’améliorer la qualité de vie des patients âgés, mais aussi d’alléger le fardeau psychologique, social et économique pesant sur les familles et le système de santé tunisien.
En l’absence de statistiques officielles, les estimations varient fortement, mais le nombre de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer en Tunisie se situerait entre 50 000 et 150 000 cas. Chaque année, entre 500 et 600 nouveaux cas sont recensés.
Face à cette réalité, le diagnostic précoce et l’accès aux traitements innovants apparaissent comme des leviers essentiels pour anticiper les besoins d’une population vieillissante et faire face à un enjeu de santé publique majeur.
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