Le récent rapport du Ministère des Finances de Tunisie, détaillant le cadre budgétaire pour les années 2024-2026, offre un aperçu crucial des prévisions financières du pays.
Cependant, une analyse plus approfondie révèle des défis importants ainsi que des incertitudes quant à la mise en œuvre et à la viabilité de ces prévisions.
Croissance budgétaire
La projection d’une croissance budgétaire constante dans le rapport du Ministère des Finances pour les années 2024-2026 offre un aperçu optimiste du développement économique à venir en Tunisie. Cette expansion prévue, qui verrait le budget de l’État passer de 71,24 milliards de dinars en 2023 à 82,64 milliards de dinars en 2026, souligne l’ambition du gouvernement de renforcer les capacités financières du pays sur le moyen terme.
Cette croissance budgétaire est alimentée par deux facteurs principaux : l’augmentation des recettes fiscales et des dépenses publiques. Tout d’abord, les recettes fiscales sont projetées pour augmenter de manière significative au cours de la période considérée, en moyenne de 7,4% entre 2024 et 2026.
Cette augmentation est le résultat attendu de diverses mesures visant à stimuler l’économie, à élargir la base fiscale et à améliorer l’efficacité de la collecte des impôts. Ces mesures pourraient inclure des réformes fiscales visant à réduire l’évasion fiscale, à encourager l’investissement et à promouvoir la croissance des entreprises.
En outre, les dépenses publiques devraient également augmenter pour soutenir divers secteurs économiques, sociaux et infrastructurels. Cette augmentation des dépenses peut être interprétée comme un engagement du gouvernement à investir dans des initiatives clés telles que l’éducation, la santé, les infrastructures et le développement économique régional. Ces investissements sont cruciaux pour stimuler la croissance économique, créer des emplois et améliorer les conditions de vie des citoyens.
Recettes et pression fiscale
La projection d’une augmentation des recettes budgétaires de 7,4% en moyenne entre 2024 et 2026 dans le cadre du rapport du Ministère des Finances reflète l’optimisme du gouvernement quant à la capacité de l’économie Tunisienne à générer des revenus supplémentaires au cours de cette période. Cette augmentation prévue est soutenue par diverses initiatives visant à stimuler l’activité économique, à élargir la base fiscale et à améliorer l’efficacité de la collecte des impôts.
Cependant, malgré cette augmentation projetée des recettes, la pression fiscale devrait se stabiliser à environ 25%. Cette stabilité de la pression fiscale pose des défis significatifs pour les autorités de tutelle, car elle soulève des questions sur sa capacité à mobiliser davantage de recettes sans surcharger les contribuables et sans compromettre la compétitivité économique.
Dépenses et maîtrise des coûts
La projection d’une augmentation des dépenses budgétaires, atteignant 63,83 milliards de dinars en 2026 selon le rapport du Ministère des Finances, met en lumière les priorités et les engagements du gouvernement en matière de dépenses publiques. Cette augmentation prévue des dépenses s’inscrit dans le cadre des efforts visant à soutenir divers secteurs économiques, sociaux et infrastructurels, et à répondre aux besoins croissants de la population.
Cependant, malgré les efforts déclarés pour maîtriser la masse salariale et rationaliser les dépenses de gestion, des défis subsistent quant à la capacité à contenir ces coûts. La masse salariale, en particulier, représente souvent une part importante des dépenses publiques, et sa maîtrise est essentielle pour garantir la viabilité financière à long terme. Bien que des initiatives telles que le programme de mise à la retraite anticipée et la réduction des contrats à long terme soient mentionnées, leur efficacité à contenir les coûts salariaux reste un enjeu majeur.
Dépenses de transferts sociaux et d’investissement
La volonté affichée d’optimiser les dépenses des transferts sociaux, bien que louable dans le cadre de la gestion budgétaire, révèle des attentes quant aux implications sociales de ces manœuvres, notamment en ce qui concerne l’inflation et le pouvoir d’achat des citoyens.
L’augmentation des dépenses d’investissement, prévue dans le rapport du Ministère des Finances pour la période 2024-2026, reflète une orientation stratégique visant à stimuler la croissance économique à long terme et à renforcer les infrastructures essentielles du pays. Selon le même document, ces dépenses devraient augmenter de 6,8% en moyenne sur cette période, atteignant ainsi 17,6% du total des dépenses budgétaires d’ici la fin de l’année 2026.
Cette augmentation des dépenses d’investissement indique un engagement fort des autorités en faveur du développement économique et de l’amélioration des conditions de vie des citoyens. Les investissements dans les infrastructures, tels que les routes, les ponts, les ports, les aéroports, les réseaux de transport et d’énergie, ainsi que dans les secteurs clés comme l’éducation, la santé et les technologies de l’information, sont essentiels pour stimuler la productivité, favoriser l’innovation et renforcer la compétitivité économique du pays.
Financement futur et impact social
Un défi majeur dans le rapport réside dans la question liée au financement futur des besoins budgétaires, alors que des déficits persistants sont prévus jusqu’en 2026. Cette position quant à la source de financement nécessite des efforts supplémentaires pour consolider les acquis en matière de stabilité financière à long terme.
Bien que des augmentations des dépenses sociales soient promises, notamment pour les familles démunies et les secteurs prioritaires, il reste à voir dans quelle mesure ces mesures seront déployés pour atténuer les effets de l’optimisation des dépenses de transferts sociaux et des pressions fiscales sur les populations les plus vulnérables.
Le rapport offre une vision générale des prévisions budgétaires pour les années à venir, avec des détails suffisants sur les mesures concrètes à prendre et sur la les fondements des prévisions afin d’atteindre les objectifs budgétaires tout en assurant la stabilité financière du pays. Des efforts supplémentaires pour élaborer des stratégies flexibles et pour garantir un financement adéquat sont nécessaires pour surmonter les défis financiers à venir et assurer un développement économique durable en Tunisie.
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