L’aggravation des disparités prouve que les réformes initiées par les gouvernements depuis 2011 et les stratégies mises en œuvre par le plan de développement n’ont pas réussi à assurer la justice sociale et à créer une cohésion régionale, indique une analyse récente publiée par le Think Tank « Carnegie Endowment for International Peace ».
D’après l’analyse, en Tunisie, les défis du développement humain et économique local ainsi que l’atténuation des disparités entre les différentes régions du pays ont longtemps été une préoccupation majeure des autorités de l’État. En effet, l’ensemble des stratégies et réformes initiées par le Plan National de Développement 2016-2020 visaient à améliorer les conditions socio-économiques du pays et à consolider les connexions entre ses différentes régions afin de réduire la pauvreté et les inégalités régionales croissantes.
Parmi ses objectifs, le plan prévoyait, selon l’analyse, une croissance annuelle du PIB de 4%, une amélioration de 30% de la part des activités à forte croissance, une réduction de 30% de l’écart dans les indicateurs de développement régional et la création de 400 000 emplois outre la réduction du taux de chômage de 15 à 12% et le taux de pauvreté de 2%.
Aujourd’hui, la Tunisie est assombrie par des disparités économiques croissantes qui favorisent ses régions côtières, qui représentent plus de 80% des zones urbaines et 90% de l’emploi global, souligne l’analyse. La pandémie de Covid-19 et la crise qui en découle n’ont fait que détériorer davantage l’économie tunisienne, déjà fragile et confrontée à de nombreux failles structurelles exacerbés par l’instabilité politique qui a suivi la révolution de 2011.
Le PIB s’est effondré de 8,6% en 2020 par rapport à 2019, le déficit budgétaire s’est creusé à 10,2% du PIB, et la dette publique du pays a atteint 87,6% du PIB fin 2020. La Tunisie est également étranglée par le poids de sa dette extérieure qui est égale à 30 milliards de dollars.
Outre la crise économique, les indicateurs sociaux montre une détérioration de la situation sociale, martèle l’analyse. Le pourcentage de pauvreté est passé de 14 à 21% en un an, et le taux de chômage est passé de 15% au premier trimestre 2020 à 17,8% au premier trimestre 2021. Cette crise a donné lieu à de multiples manifestations et protestations contre la pauvreté, le chômage et les inégalités régionales dans plusieurs régions du pays.
Les retombées régionales de la pandémie et les problèmes de développement local de longue date soulignent toutefois la nécessité de stratégies et de réformes plus ciblées pour renforcer la cohésion territoriale dans les différentes régions de la Tunisie. Ces réformes et politiques doivent prendre en compte les caractéristiques socio-économiques et les différentes potentialités des régions, notamment dans les zones les plus marginalisées.
Elles doivent également être complétées par des mesures compensatoires afin de contrebalancer les effets négatifs des politiques régionales antérieures, telles qu’une allocation plus équilibrée des fonds publics qui créerait des opportunités d’emploi et rendrait les services publics plus accessibles aux pauvres.
L’analyse de la géographie économique de la Tunisie révèle un phénomène d’urbanisation, résultant en grande partie de la concentration des activités et des commodités de la vie dans les régions côtières les plus dynamiques – notamment celles du grand Tunis – alors que les régions de l’intérieur restent entièrement rurales et fortement dominées par l’agriculture et l’agriculture. Ceci a conduit à l’exode rural du fait qu’aujourd’hui, les régions côtières abritent 85% des entreprises opérant dans tous les secteurs, et 90% de l’emploi total.
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