Economie

Analyse économique : En Tunisie, il n’existerait pas de marge de manœuvre pour financer des mesures de relance

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En venant s’ajouter aux dégâts causés par la pandémie de COVID-19, l’invasion russe de l’Ukraine a accentué le ralentissement de l’économie mondiale, qui entre dans ce qui pourrait devenir une période prolongée de croissance faible et d’inflation élevée, selon les dernières Perspectives économiques mondiales publiées par la Banque mondiale, vient d’indiquer lundi 7 juin 2022 l’instance financière internationale (IFI). Il en résulte un risque grandissant de stagflation, selon la BM, ce qui aurait des conséquences délétères tant pour les pays à faible revenu que pour ceux à revenu intermédiaire.

La croissance mondiale devrait, d’après les prévisions ajustées, chuter de 5,7 % en 2021 à 2,9 % en 2022, soit nettement moins que les 4,1% prévus en janvier dernier. Ce rythme de croissance devrait perdurer jusqu’en 2023-2024, dans un contexte marqué par la guerre en Ukraine, qui perturbe fortement l’activité, l’investissement et le commerce à court terme, par le tassement des effets de rattrapage de la demande et par la levée progressive des mesures de soutien budgétaire et d’accompagnement monétaire.

En raison des dommages conjugués de la pandémie et de la guerre, le niveau de revenu par habitant dans les pays en développement sera cette année inférieur de près de 5 % à la tendance pré-COVID, précise-t-on.

D’après la BM, l’édition du mois de juin courant des Perspectives économiques mondiales fournit la première comparaison systématique des conditions économiques mondiales actuelles avec la stagflation des années 1970, en évaluant tout particulièrement la façon dont la stagflation pourrait affecter les économies de marché émergentes et en développement.

Néanmoins, l’IFI souligne dans son rapport qu’au niveau de la zone de l’Afrique du Nord et du Moyen Orient (MENA), du côté des importateurs de pétrole, le fragile rebond a été compromis par la hausse des prix de l’alimentation et de l’énergie, le renchérissement du crédit et l’affaiblissement de la demande extérieure alors que les séquelles de la pandémie, en termes de pertes d’emplois et d’endettement, sont toujours présentes.

D’après la BM, en Tunisie, la reprise n’a été que modeste en 2021 et le pays qui fait face à de multiples chocs économiques n’a pas accès aux financements du marché international, alors qu’il se trouve au milieu d’une transition politique complexe. Dans ce pays, le chômage demeure élevé, à 16,1 %, et il n’existe pas de marge de manœuvre pour financer des mesures de relance, affirme la BM. On assure également que la croissance modeste de la Tunisie est loin de correspondre à son potentiel, compte tenu notamment du fort niveau de chômage.

La Banque mondiale prévoit une croissance de 3% pour la Tunisie en 2022.

Rappelons que la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) prévoit un ralentissement de la croissance économique pour la région du sud et de l’est de la Méditerranée (SEMED) en 2022, à 2,5%, selon son dernier rapport sur les perspectives économiques régionales, publié le 10 mai dernier.

L’impact de la guerre sur l’Ukraine sur la région SEMED se fera principalement sentir par la hausse des prix du pétrole et des denrées alimentaires pour les consommateurs, ainsi que par des effets secondaires sur les budgets, la sécurité alimentaire et les moteurs de croissance à moyen terme, indique la BERD. Tous les pays de la région dépendent des produits pétroliers importés, tandis que plusieurs – dont l’Égypte, la Tunisie et la Jordanie – dépendent également des produits alimentaires importés.

En outre, il est probable qu’il y aura un impact négatif sur le tourisme dans certains pays de la SEMED, bien que de nouvelles opportunités puissent apparaître dans le domaine des investissements dans les énergies renouvelables, compte tenu du potentiel des pays, à cet égard.

Une croissance plus élevée de 4,8% est prévue pour 2023, à mesure que la reprise s’accélère dans la plupart des pays et que les réformes économiques et de gouvernance dans tous les pays progressent et donnent un coup de pouce à la reprise.

En Tunisie, les perspectives de croissance pour 2022 et 2023 sont moroses, à 2% et 2,5%, respectivement. La guerre contre l’Ukraine et la hausse des prix du pétrole et du blé toucheront à la fois les ménages et le budget public.

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Publié par
Mohamed Ben Abderrazek