La croissance mondiale devrait chuter de 5,7% en 2021 à 2,9% en 2022, soit nettement moins que les 4,1% prévus en janvier dernier, ce rythme de croissance devrait perdurer jusqu’en 2023-2024, dans un contexte marqué par la guerre en Ukraine, qui perturbe fortement l’activité, l’investissement et le commerce à court terme, par le tassement des effets de rattrapage de la demande et par la levée progressive des mesures de soutien budgétaire et d’accompagnement monétaire vient d’indiquer la Banque Mondiale le 7 juin 2022 et ce, à l’occasion de la publication de l’édition de juin des « Perspectives économiques mondiales ».
L’inflation mondiale devrait ralentir l’année prochaine, mais elle restera probablement supérieure aux objectifs dans de nombreux pays. Si l’inflation reste élevée, la répétition des solutions adoptées lors de la précédente stagflation pourrait se traduire par une forte récession mondiale, ainsi que par des crises financières dans certaines économies émergentes et en développement, précise le rapport.
Le rapport souligne par ailleurs la nécessité d’une action politique résolue au niveau international et national pour éviter les pires répercussions de la guerre en Ukraine sur l’économie mondiale.
Cela supposera des interventions à l’échelon mondial pour limiter le préjudice subi par les personnes touchées par la guerre, pour amortir le choc de la flambée des prix du pétrole et des denrées alimentaires, pour accélérer l’allégement de la dette et pour accélérer la vaccination dans les pays à faible revenu. Il faudra également apporter, sur le plan national, des réponses vigoureuses en faveur de l’offre, tout en assurant le bon fonctionnement des marchés mondiaux des produits de base.
Selon une note d’analyse publiée dernièrement par Natixis Corporate & Investment Banking, quoi qu’il en soit, la macro-économie 2022 est déjà clairement sur une trajectoire différente de celle d’il y a quelques mois, là où il y avait une croissance encore forte et une inflation amenée à se normaliser, c’est désormais l’inverse qui se dessine : moins de croissance et plus d’inflation.
Dans une hypothèse d’un conflit qui ne dégénère pas, c’est grosso modo un point de moins de croissance mondiale et 2 points d’inflation en plus avec des disparités énormes entre pays. L’Allemagne dont la croissance était attendue à plus de 4% de croissance ne devrait pas faire mieux que 1,9%. Un arrêt brutal des importations de gaz et de pétrole russe pourrait rapprocher l’Europe de la récession (Allemagne, Italie et pays de l’Est étant les plus impactés). Si cela couterait ½ pt de croissance à la France ce serait plus proche de 2 points de moins pour la croissance allemande. Quant à l’inflation, même en l’absence d’embargo total, elle devrait se rapprocher de 8% dès la fin du mois courant.
Pour l’instant, après déjà une forte révision le mois dernier de -1,1 point, Natixis abaisse de nouveau la croissance zone euro de 0,4 point à 2,7% avec une France attendue à 3,1% (-0,2 après -0,7 déjà le mois dernier), l’Italie à 2,6% (-0,3) ou l’Espagne à 3,3% (-0,7). Le pic d’inflation devrait être atteint en juin / juillet après de 8% avec 6,5% en moyenne sur l’année (5,5% le mois dernier).
En Tunisie dont l’Europe est son premier partenaire commercial et financier, les chiffres officiels ont révélé que le produit intérieur brut réel de la Tunisie, corrigé des variations saisonnières et effet de calendrier, a affiché une croissance de 2,4% en glissement annuel au premier trimestre 2022, converti en taux de croissance annualisée, ce dernier taux est en ligne avec le régime de croissance de l’économie durant les années récentes.
Au mois de mai 2022, l’inflation confirme sa tendance haussière en augmentant à 7,8% après 7,5% en avril, 7,2% en mars, 7% en février et 6,7% en janvier. Cette progression est expliquée essentiellement par l’accélération du rythme des hausses des prix du groupe logement, eau, gaz, électricité et autres combustibles.
Sur un autre plan, Le nombre de chômeurs estimé pour le premier trimestre 2022 atteint 653,2 mille du total de la population active, contre 673,5 mille chômeurs pour le quatrième trimestre 2021. Ainsi, le taux de chômage se stabilise au niveau de 16,1% contre 16,2% au quatrième trimestre de 2021.
Tous les ingrédients sont ainsi réunis pour considérer la Tunisie comme un pays en pleine stagflation, d’abord par l’ « importation » de ses facteurs de son premier partenaire l’UE, fortement exposé à ce fléau et ensuite à cause de la multiplication de ses causes endémiques : chômage élevé, économie de pénurie et contre-productivité sectorielle généralisé.
Parmi les signes confirmant la stagflation en Tunisie, on trouve aussi l’augmentation de la masse monétaire par le gouvernement à travers la non maitrise du budget qui est à la base d’une forte inflation dans un contexte où la croissance économique ne suit pas. L’inflation caractérisée par une hausse généralisée des prix aura pour conséquence l’érosion grave et de plus en plus lourde du pouvoir d’achat importante pour les ménages.
En outre, la hausse des prix des matières premières induira certes l’augmentation des coûts de production des entreprises, réduira leur capacité de production, et engendrera l’augmentation des prix de leurs biens pour limiter les pertes de leurs marges bénéficiaires. Cette situation durera, en Tunisie et créera une spirale inflationniste qui fera chuter la consommation, minera la croissance et empoisonnera le climat social.
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