Economie

Analyse- Notations de la Tunisie : Des évaluations « floues »

Analyse- Notations de la Tunisie : Des évaluations « floues »

L’agence de notation Fitch Ratings a abaissé, à la fin de la semaine dernière, la note souveraine de la Tunisie de «B-»  à « CCC » au même titre que Moody’s qui a  déclassé le pays mi-octobre dernier à la catégorie spéculative « Caa1 » assortie de perspectives négatives. La banque américaine d’investissement « Morgan Stanley », a à son tour publié un rapport au début de cette semaine estimant qu’un défaut de paiement de la dette par la Tunisie est probable.

Les dégradations sont déjà attendues mais sont entourées par le flou et par beaucoup de doute quant à leur objectivité notamment sur le plan technique.

Ceci revient au fait de la non publication des modèles économétriques justifiant le déclassement d’autant plus que les abaissements de notations concordent avec  les pressions pour que le pays entre dans un programme d’austérité basé sur les soi-disant réformes dont la réalisation est exigée par les bailleurs de fonds pour l’octroi au gouvernement d’éventuels nouveaux crédits extérieurs permettant de combler encore une fois le déficit budgétaire colossal.

Il s’agit au fait et effectivement de nouveaux crédits typiquement odieux qui ne profiteront jamais au développement de la Tunisie et que le président Kais Saied a exprimé, à maintes reprises, son refus catégorique de l’obtention de tels crédits. Il est allé même à demander un audit dans ce sens…

L’Observatoire Tunisien de l’Economie (OTE) vient d’indiquer que la dégradation de la note souveraine de la Tunisie par l’agence de notation souveraine « ratings fitch » dernièrement a fait couler beaucoup d’encre dans la presse tunisienne. La nouvelle a été relayée par la plupart des médias, alors que la Tunisie s’approchait de son classement comme pays incapable de payer ses dettes.

Pour en revenir aux ABC, une notation souveraine est une estimation faite par des agences de notation souveraine, à l’instar de Fitch et Moody’s, pour évaluer l’éligibilité d’un pays à l’obtention de crédits, précise l’OTE.

La notation régulièrement publiée par les agences de notation représente une référence pour la place financière mondiale et les investisseurs lors de la prise décision concernant le financement d’un pays. Cependant, avec des soupçons de politisation de ces notations, la crédibilité des agences est remise en question.

D’après l’observatoire, le Bureau des affaires sociales et économiques des Nations Unies (DESA), a organisé le 21 mars 2021, une réunion entre des agences de notations et des institutions mondiales d’investissement, ainsi que des experts et du ministre des Finances du gouvernement du Ghana et le secrétaire du gouvernement aux finances de Trinité – et – Tobago pour discuter du rôle joué par les agences souveraines dans la mise en œuvre du plan de développement durable 2030.

Lors de cette réunion, les responsables ont discuté de l’impact des agences de notation sur les pays en développement, comme la Tunisie, et sur leurs chances d’obtenir des prêts sur marché mondial.

Dans son intervention, le ministre des Finances du gouvernement du Ghana Ken Ofori Atta a déclaré que les pays africains sont les premiers à subir les dégradations de leurs notes souveraines par ces agences qui ne tiennent pas compte des spécificités du continent africain. A titre d’exemple, le ministre du gouvernement du Ghana a évoqué les importantes dépenses de son gouvernement pendant la crise Covid-19, afin de préserver la vie des citoyens, et qui ont affecté la note souveraine du Ghana qui a été rétrogradée ultérieurement à cause de ces dépenses supplémentaires.

Le Bureau des affaires sociales et économiques des Nations Unies DESA a indiqué que 95% des cas de dégradation qui ont été enregistré pendant la pandémie mondiale concernaient les pays en développement, malgré que la contraction économique qu’ils avaient connue était relative. Alors que les pays en développement, considérés comme plus modérés que ceux des pays développés qui n’ont pas connu de vague d’abaissement de la note souveraine, malgré une crise économique plus grave.

Ce point de vue ne se limite pas aux seuls représentants des pays du développement. Au fait, l’ancien président Fonds d’investissement japonais Mizuno Hiro, a déclaré que, lors de son travail à la tête de ce fonds, il était possible pour le Japon d’investir davantage. Toutefois, la prise en considération de la notation souveraine des pays en développement a entravé les investissements.

Quant à la Tunisie, des observateurs notent que les agences de notation souveraine, que ce soit Moody’s ou Fitch Raiting, et qui prétendent être neutres émettent des recommandations politiques par excellence à l’instar de la signature d’un accord avec le Fonds Monétaire International.

Remettre en question le rôle des agences notation souveraine, en particulier leur méthodologie, est devenu une question urgente pour le développement et la mise en place d’un nouveau système financier mondial, déplore l’OTE. Un développement durable nécessite des financements, auxquels les pays en développement ont été empêchés d’accéder en raison de la dégradation continue de leur note souveraine.

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