L’édition été 2022 du Rapport de la situation économique de la Tunisie de la Banque mondiale (BM), intitulée « Gérer la crise en période d’incertitude », rendu public aujourd’hui mercredi 7 septembre 2022, prévoit une croissance économique de 2,7 % en 2022, légèrement inférieure aux précédentes estimations de la Banque mondiale.
Selon l’organisation internationale, le rapport décrit comment la guerre en Ukraine et la hausse à l’échelle internationale des prix des produits de base ont exacerbé les vulnérabilités existantes de l’économie tunisienne au cours des premiers mois de 2022.
Fortes pressions du déficit conjugué
L’impact de la guerre a commencé à se faire sentir puisque que le déficit commercial s’est creusé de 56% au cours des six premiers mois de 2022, atteignant 8,1 % du PIB. L’inflation est passée de 6,7 % en janvier 2022 à 8,1 % en juin 2022, et le déficit budgétaire devrait atteindre 9,1 % en 2022, contre 7,4 % en 2021.
Le deuxième chapitre du rapport insiste sur le fait que remplacer la subvention des prix alimentaires auprès des ménages vulnérables par des transferts monétaires compensatoires, ce qui permettrait de rendre le système plus efficace, de réduire les coûts budgétaires et d’importation et de renforcer la sécurité alimentaire face aux chocs futurs.
Cette réforme fait partie du programme annoncé par le gouvernement tunisien, qui comprend plusieurs mesures de soutien à l’économie et à l’inclusion sociale, indique la BM.
Néanmoins, l’organisation internationale souligne dans son rapport qu’avec un taux de croissance prévu de 2.7 pour cent, l’économie semble sur une trajectoire de croissance légèrement inférieure à celle qui était précédemment prévue. En effet, si le rythme de croissance continue (soit 0.8 points de croissance trimestrielle comme c’était le cas, en moyenne entre le deuxième trimestre 2021 et le deuxième trimestre 2022), l’économie pourra réaliser une croissance annuelle de 2.7 pour cent en 2022.
Cela permettrait au PIB, d’après la BM, d’atteindre 96.8 pour cent du niveau de 2019 (contre 95 pour cent en 2021). Toutefois, si la tendance de reprise pré-guerre se poursuit (1.27 point de croissance entre le deuxième trimestre 2021 et le premier trimestre 2022), l’économie pourra réaliser un taux de croissance de 3.1 pour cent.
Ce scenario optimiste est moins probable que le premier, selon l’analyse de la BM, dans la mesure où l’effet rebond du second semestre de 2021 risque de s’estomper en raison des conséquences de la guerre. En revanche, si la baisse de la demande européenne se confirme et les conséquences des restrictions budgétaires se font sentir à court terme (baisse de la consommation, baisse de l’investissement public), la tendance positive risque de s’inverser et un scenario pessimiste peut conduire à une croissance en 2022 de 2.4 pour cent, précise-t-on.
Défis persistants
L’Institut national de la statistique (INS) a annoncé, récemment, que le produit intérieur brut réel de la Tunisie (PIB), a enregistré une croissance de 2,8%, en termes de glissement annuel, au deuxième trimestre de 2022. Il a souligné que les résultats des comptes nationaux trimestriels pour le deuxième trimestre de l’année en cours ont révélé que la croissance économique s’est située à 2,8% en rythme annuel, après un accroissement annuel de 2,4% au premier trimestre 2022.
En variations trimestrielles, le produit intérieur brut PIB en volume du deuxième trimestre 2022 s’est pourtant contracté de 1% par rapport au trimestre précédent.
La croissance du PIB prévue pour 2022 est, par ailleurs, estimée à 3%, au même niveau que celui de l’année précédente et elle ne permet pas de ce fait d’éponger la régression de 8,8% enregistrée en 2020.
En outre, le potentiel de l’activité des secteurs économiques est encore très loin de celui atteint du moins avant la pandémie ce qui aggravera davantage le chômage et amplifiera le secteur non structuré affectant ainsi la croissance qui subit depuis plusieurs années les effets de la spirale du sous-emploi des facteurs de création de la valeur ajoutée économique et l’incertitude institutionnelle.
Le déficit courant enregistré au cours des 5 premiers mois de 2022 a, par ailleurs, doublé par rapport à la même période de l’année dernière. Et en dépit de l’amélioration prévue de l’activité touristique et des transferts de la diaspora, celui-ci passerait, d’après les estimations officielles, de 8 milliards de dinars en 2021 à 14,7 milliards de dinars en 2022, représentant plus de 10% du PIB.
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