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Après ce qu’il vient de faire Macron ne peut plus donner des leçons de démocratie

Après ce qu’il vient de faire Macron ne peut plus donner des leçons de démocratie

En attendant l’empoignade télévisée de l’entre-deux-tours ce 20 avril, c’est l’éviction d’Anne-Sophie Lapix du débat entre les candidats Emmanuel Macron et Marine Le Pen qui fait débat. La journaliste de France 2, qui avait animé la joute de 2017 entre Macron et Le Pen, a été priée d’aller voir ailleurs. Et ce n’est pas la direction de France Télévisions qui l’a éjectée, mais bien les équipes des deux candidats à la présidentielle au motif que la journaliste serait trop coriace, trop teigneuse. En gros elle ferait trop bien son travail. Le Syndicat National des Journalistes (SNJ) de France télévisions ne décolère pas…

L’argument tombe comme un couperet : la journaliste serait trop ‘hostile’ à la candidate du Rassemblement national. Autrement dit, pas assez docile pour celles et ceux qui briguent la plus haute fonction de la Ve République ? C’est purement inadmissible” déclare le SNJ dans un communiqué. Le texte ajoute : “Notre métier n’est pas de faire allégeance aux politiques, pour avoir le droit de les interviewer, et ceci est valable pour ‘Elysée 2022’, où des politiques mettent parfois des veto sur certains journalistes pressentis“.

Le SNJ se dresse contre “le mode de désignation des présentateurs du grand débat” et interroge en ces termes : “Au nom de quoi les états-majors des candidats auraient-ils le droit de récuser un ou une journaliste ? (…). Les chaînes organisatrices France 2 et TF1 doivent avoir toute latitude pour choisir, en respectant le critère de parité, les noms des journalistes-arbitres de cet événement déterminant de l’entre-deux-tours. Ce droit de veto ou de récusation d’un autre temps doit être aboli dans les plus brefs délais. Car il contribue à semer le doute sur d’éventuelles connivences entre les journalistes et le pouvoir politique !”

Enfin le communiqué du SNJ fait part de “tout son soutien envers la présentatrice du ’20 Heures’ de France 2, Anne-Sophie Lapix” et martèle que “l’information de service public et les journalistes ne sont pas aux ordres, et il faut vite mettre un terme à ce système qui entretient la confusion et concourt à décrédibiliser notre profession“.

On se croirait en Tunisie ! Ici aussi les journalistes se plaignent de la façon dont ils sont traités par les pouvoirs publics, notamment le président de la République, Kais Saied, qui ne cache même pas son dédain pour la presse dans son ensemble. Presque aucun média ne trouve grâce à ses yeux, à part peut-être la Télévision nationale. Mais il faut reconnaître que les tares et ratés d’une jeune démocratie sont sans commune mesure avec ceux de la vieille démocratie française, gravée sur le marbre. Qu’une journaliste vedette du service public français soit traitée de la sorte par un parangon de la démocratie tel que Emmanuel Macron dépasse l’entendement…

Après ça la France pourra difficilement défendre son droit à donner des leçons de vertus démocratiques à la Tunisie et au monde entier…

 

 

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