Afrique

Après le Tchad et le Niger, la France quitte la Côte d’Ivoire

Après le Tchad et le Niger, la France quitte la Côte d’Ivoire

Le paysage militaire français en Afrique continue de se transformer rapidement. Après des retraits marqués au Niger et au Tchad, c’est au tour de la Côte d’Ivoire de se préparer à la fin de la présence permanente des troupes françaises. Un changement qui illustre une recomposition géopolitique majeure sur le continent africain.

La Côte d’Ivoire amorce un retrait coordonné

Lors de ses vœux pour la nouvelle année, le président ivoirien Alassane Ouattara a annoncé que les forces françaises quitteraient le pays dans un processus organisé. Dès ce mois de janvier 2025, la base du 43e Bataillon d’infanterie de marine (BIMA) située à Port-Bouet, à Abidjan, sera officiellement transférée aux forces armées ivoiriennes.

« Les Ivoiriens doivent être fiers de la modernisation de leur armée », a souligné le président Ouattara, insistant sur la souveraineté nationale comme moteur de cette décision. Ce retrait marque la fin d’une présence militaire française qui avait été réduite à 600 soldats après avoir compté jusqu’à 1 000 hommes dans le cadre de la lutte contre le terrorisme au Sahel.

Un redéploiement stratégique en Afrique

Ce départ s’inscrit dans une tendance plus large de retrait des troupes françaises sur le continent. Des décisions similaires ont été prises au Tchad et au Sénégal ces derniers mois. La France, qui comptait encore 7 000 soldats déployés en Afrique il y a 18 mois, a drastiquement réduit sa présence militaire.

La base de Faya, dans le nord désertique du Tchad, a été rétrocédée fin décembre 2024. Ne resteront désormais que deux bases militaires françaises permanentes sur le continent : 350 soldats au Gabon (un chiffre à réduire à terme à 100) et 1 500 à Djibouti, ce dernier territoire étant un point stratégique accueillant aussi des contingents d’autres grandes puissances mondiales comme les États-Unis, la Chine et l’Allemagne.

Une souveraineté renforcée mais des relations intactes

Contrairement aux tensions observées au Niger ou au Burkina Faso, où les relations avec Paris se sont détériorées, le retrait en Côte d’Ivoire s’inscrit dans un contexte de coopération harmonieuse. Abidjan et Paris maintiennent des relations bilatérales solides, avec un accent particulier sur le développement et la sécurité régionale.

Cependant, ce mouvement ne fait pas l’unanimité. Certains observateurs soulignent que la réduction de la présence française pourrait laisser un vide sécuritaire dans des régions déjà fragiles, alors que des acteurs non étatiques comme le groupe Wagner élargissent leur influence en Afrique.

Un tournant pour la France en Afrique

Historiquement, la France avait maintenu une forte présence militaire en Afrique, avec 60 000 hommes répartis dans près de 90 garnisons au moment des indépendances. Ce chiffre a chuté de façon spectaculaire, passant à 7 000 soldats en 2022, puis à une fraction de ce nombre aujourd’hui.

Ce repositionnement s’explique par plusieurs facteurs : un désir accru des pays africains d’exercer leur souveraineté, des critiques sur le rôle de la France dans les crises régionales, et une réorientation stratégique de Paris vers des coopérations non militaires pour préserver ses intérêts.

Une page qui se tourne

Alors que des puissances comme la Chine ou la Turquie continuent de développer leurs partenariats économiques en Afrique sans présence militaire, la France semble s’adapter à une nouvelle donne géopolitique. Ce retrait symbolise la fin d’une époque et ouvre la voie à une relation différente entre Paris et ses partenaires africains.

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