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ARP : la Realpolitik s’impose, ils décident de réchauffer les recettes Nidaa-Ennahdha

ARP : la Realpolitik s’impose, ils décident de réchauffer les recettes Nidaa-Ennahdha

Deuxième épisode de la Commission en charge du Règlement intérieur de la nouvelle Assemblée des représentants du peuple (ARP). Vous savez cette instance qui s’assurera que les députés n’infligeront plus aux citoyens les mêmes tourments que leurs prédécesseurs et qui surtout veillera à ce que les élus restent dans les clous fixés par le chef de l’Etat, Kais Saied. La chose a son importance car l’engagement a été pris devant la nation. Il faudra donc être au rendez-vous. La dite Commission a planté le décor hier jeudi 16 mars…

Les plats de Essebsi remis au goût du jour

Il a été décidé lors de cette réunion de s’inspirer de ce qui a été fait en 2015 au Parlement, de ce qui se fait dans les situations analogues – comprenez les expériences démocratiques occidentales – et de ce que proposeront les membres de la Commission. Rappelons qu’en 2015 c’est la majorité de Béji Caied Essebsi – Nidaa Tounes – qui était aux commandes, enfin avec l’attelage islamiste au nom du fameux compromis qui était censé sauver la Tunisie. On connait le résultat…

Tout cela pour dire que le règlement intérieur qui présidait aux destinées de l’ARP était estampillé Nidaa-Ennahdha, entre autres. Donc si les nouveaux élus jugent bon de le réchauffer et de l’agrémenter c’est bien parce que le travail accompli est à la hauteur de la tâche. On ne peut pas non plus s’échiner à réinventer la lune à chaque fois et le reconnaître c’est faire preuve de sagesse. Donc bravo Messieurs/Dames les membres de la Commission du règlement intérieur, votre lucidité fait avancer le Schmilblick.

Par ailleurs il ne faut jamais oublier qu’en 2015 cette affaire n’avait pas été goupillée que par des politiciens pur jus, il y avait aussi des experts, des spécialistes, des consultants indépendants – et oui ça existe ! Bref, des gens qui savent de quoi ils parlent et qui s’activent au nom de l’intérêt national. Donc reprendre la copie qu’ils ont rendue en 2015 c’est faire avancer les affaires du pays.

L’ambition présidentielle se fracasse sur la réalité

Le président de la République, sans doute de bonne foi, avait promis de nettoyer toute la scène politique au karcher et d’en éjecter tous les tenants de “l’ancien régime” – et oui, tout est relatif. Mais cette affaire a commencé à se complexifier dès la pré-campagne des législatives de décembre 2022. Saied a commencé par dire que les partis politiques sont bannis du scrutin. Les clameurs ont commencé à monter, même au sein de l’ISIE…

Après l’instance a dit que les partis pouvaient y prendre part, mais à minima, c’est-à-dire sans leurs bannières mais juste en lâchant dans la nature leurs candidats et en surveillant ça de très près. L’incompréhension a demeuré et le président de la République a dû sortir du bois pour dire que les partis politiques avaient droit de cité. Mais comment, sous quelle forme ? La chose a gardé tout son mystère.

A l’arrivée tout ce beau monde – les “professionnels” de la politique – s’est recyclé comme il a pu, c’est-à-dire avec l’étiquette ‘indépendant’ et c’est passé comme une lettre à la Poste. D’ailleurs près de la moitié de l’effectif de l’ARP sont des politiciens qui ne disent par leur nom. Nous ne citerons que les deux dont on parle le plus en ce moment : Fatma Mseddi, un pur produit de Nidaa Tounes, qu’elle a lâché en 2016 pour filer vers Machrouu Tounes, avant de retourner au bercail ; Imed Ouled Jebril, élu sur la liste Qalb Tounes en 2019 puis il a cédé aux sirènes du Bloc national.

Si la France et les USA se cabrent encore que dire de notre jeune démocratie 

Personne n’est dupe, Kais Saied encore moins, il sait pertinemment que tous ceux qui jurent maintenant la main sur le coeur ont leurs turpitudes et leurs cadavres soigneusement planqués dans les placards. Mais pour l’occupant du palais de Carthage l’essentiel est ailleurs : il est dans les services que les nouveaux députés devront rendre à la nation. Et il l’a clairement dit à leur chef de file, Brahim Bouderbala.

Sinon le couperet tombera, peut-être même avant le délai d’un an que Saied a fixé. Il est capable de tout le président. En attendant, ben lui et nous tous ferons contre mauvaise fortune bon coeur. On ne crée pas une classe politique ex nihilo, pas de génération spontanée. Ça n’existe pas. On devra donc composer avec les politiciens recyclés qu’on a, jusqu’à ce que la maturation démocratique – ça peut prendre un paquet d’années – nous serve une autre génération de politiques.

D’ici là faisons preuve de pragmatisme et aidons nos élus à avancer, mais faisons-le sans concession, avec sévérité et intransigeance si nécessaire mais aussi avec bienveillance par moments. Car après tout nous restons des apprentis de la démocratie. Si la France et les USA – pour ne citer qu’eux – s’agitent encore après tous ces siècles de lumières au compteur que dire de la jeune démocratie tunisienne…

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