C’est peut-être trois fois rien, juste un feu de paille, les premiers et derniers soubresauts avant que les députés rentrent sagement dans le corset que leur a confectionné le chef de l’Etat, Kais Saied. Mais le fait est suffisamment important pour qu’on s’y arrête…
“Brahim Bouderbala, président de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), a décidé de lever pour 15 minutes, jeudi 27 avril 2023, la séance plénière en raison du refus de plusieurs députés de poursuivre l’examen du projet de règlement intérieur du Parlement.
La décision de lever la séance plénière intervient en réponse à une demande formulée par le rapporteur de la Commission du règlement intérieur suite au rejet de l’article 54 fixant le nombre des membres des commissions parlementaires“.
Bon, il faut savoir raison garder, on n’en est pas, tout de même, aux “exploits” du Parlement déchu par le président de la République, aux graves dérives de Seif Eddine Makhlouf, aux facéties de Abir Moussi ou encore les “saillies” du maître des lieux jusqu’au 25 juillet 2021, Rached Ghannouchi. Mais cette petite fronde autour de l’article 54 nous rappelle que la nature humaine reste ce qu’elle est, que les députés de la 2ème République sont des hommes et femmes comme les autres, des citoyens comme les autres, ni plus ni moins. Et d’ailleurs Saied a barré la route aux partis politiques pour que ces citoyens lambda émergent. Ils sont là.
La mini fronde des élus est suffisamment importante pour que leur président monte au front et qu’il leur fasse la leçon, une leçon de morale et un rappel du cadre qui leur a été fixé par l’occupant du palais de Carthage. Pas de place pour les écarts de conduite, l’horizon indépassable reste les urgences nationales, économiques et sociales essentiellement. Bouderbala se devait de le faire parce que s’il ne le fait pas c’est Saied qui le fera, à sa manière…
Et surtout s’il ne le fait pas il y a des chances qu’il n’aille pas au bout du mandat de 5 ans que ses troupes lui ont accordé. Le chef de l’Etat est tout à fait capable de renverser de nouveau toute la table. Il avait dit publiquement ce qu’il attend de ses députés et avait convoqué Bouderbala au palais pour le lui signifier de vive voix. Les élus de l’ARP ne sont certainement pas immunisés contre les incartades de leurs prédécesseurs, il y en aura assurément, mais ils savent aussi que le couperet peut s’abattre à tout moment.
Et alors, est-on tenté de dire, c’est la règle du jeu et tout ce beau monde l’a acceptée en toute connaissance de cause. Finalement l’essentiel reste le service que ces élus rendront à la nation en débattant, en s’agitant s’il le faut mais en décidant in fine. L’agitation parlementaire est saine quand ça débouche sur des solutions pratiques, sur de l’intelligence collective. Ça sert à çà un Parlement, ça sert à çà une respiration démocratique. Le sort des personnes et de leurs égos importent peu.
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