La France a confirmé mardi qu’un des six militants français arrêtés par Israël au large de Gaza avait accepté une expulsion immédiate. Les cinq autres attendront leur sort devant un juge israélien.
Pendant ce temps, Paris adopte une posture jugée trop conciliante, voire complaisante, face à un nouvel épisode de tension diplomatique.
Alors que l’embarcation humanitaire destinée à briser le blocus de Gaza a été arraisonnée par les forces israéliennes dans la nuit de dimanche à lundi, six ressortissants français, dont l’eurodéputée Rima Hassan, ont été interpellés avec d’autres passagers, parmi lesquels l’activiste Greta Thunberg. Si cette dernière a été autorisée à rentrer en France mardi matin, les autres ne bénéficient pour l’heure que d’un suivi consulaire.
Le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a annoncé que l’un des militants a signé le formulaire d’expulsion proposé par Israël et sera rapatrié ce mardi. Les cinq autres comparaîtront devant un juge israélien « dans les prochains jours ». Leur identité n’a pas été rendue publique.
Une réponse diplomatique minimale
La réaction officielle française, tant sur le fond que sur la forme, peine à convaincre. Le président Emmanuel Macron, depuis la conférence sur les océans à Nice, a certes dénoncé un « scandale » et une « honte » que constitue le blocus humanitaire à Gaza, mais n’a pas condamné l’interception du bateau ou l’arrestation de ses ressortissants.
Il a simplement assuré que « tous les messages avaient été passés à Israël pour garantir leur protection et leur retour en France ». Une position que d’aucuns jugent tiède, d’autant que les familles des militants n’ont pas été immédiatement informées. Le chef de la diplomatie française a précisé que les premiers appels aux proches n’ont été effectués qu’à partir de 3h du matin, soit plusieurs heures après les visites consulaires.
Des tirs sur des diplomates européens… ignorés par Paris ?
Autre incident passé sous silence par les autorités françaises : des diplomates européens, dont des Français, ont essuyé des tirs israéliens lors d’un déplacement officiel à Gaza ces derniers jours. Aucun blessé n’est à déplorer, mais l’absence de réaction publique de la part de l’Élysée ou du Quai d’Orsay interroge.
Cet épisode s’ajoute à une série de provocations ou d’accidents diplomatiques que Paris semble tolérer avec une constance inquiétante.
La reconnaissance de l’État palestinien toujours absente
Pire encore, la promesse faite par Emmanuel Macron en mars 2024 de reconnaître l’État palestinien « au moment utile » n’a toujours pas été suivie d’actes, malgré les nombreuses sollicitations internationales.
Nous sommes le 10 juin 2025, et contrairement à l’Espagne, la Norvège ou l’Irlande, la France n’a toujours pas franchi le pas. Une inaction qui fragilise sa crédibilité diplomatique, surtout en pleine escalade des tensions.
Une accumulation de tensions diplomatiques
Cet incident n’est pas isolé. Il s’inscrit dans un climat de friction récurrente entre Paris et Tel Aviv, où la diplomatie française alterne silences gênés et critiques modérées. On se souvient notamment :
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De l’attaque israélienne sur une école de l’UNRWA en mars dernier, qui n’a suscité qu’une « préoccupation » exprimée par le Quai d’Orsay.
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De l’expulsion d’une délégation humanitaire française à l’aéroport Ben Gourion en avril, à peine mentionnée par les autorités françaises.
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Ou encore des restrictions imposées par Israël aux journalistes français accrédités à Jérusalem, restées sans suite.
Face à ces événements, la France apparaît de plus en plus prudente, voire paralysée dans sa relation avec Israël, au nom d’un équilibre géopolitique qui semble s’effriter à mesure que le conflit s’intensifie à Gaza.
Mélenchon et la gauche montent au front
Le leader de La France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a vivement critiqué l’attitude de l’exécutif, dénonçant sur X « la nullité des services français » et pointant l’absence de nouvelles transmises aux familles.
Lundi soir, des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées dans plusieurs villes françaises en soutien aux militants arrêtés, à l’appel des partis de gauche.
Ainsi, alors que les appels à un cessez-le-feu se multiplient, Paris continue de naviguer entre diplomatie de retenue et volonté de ne pas heurter un allié stratégique.
Mais l’indignation populaire en France, tout comme les critiques venues de l’opposition, mettent en lumière les limites d’une ligne trop modérée, face à des actes considérés par une partie de l’opinion comme une violation flagrante du droit humanitaire.
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