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Attention, les requins ont senti l’odeur du sang…

Attention, les requins ont senti l’odeur du sang…

Manifestement on n’ira pas au-delà de 11,3% de taux de participation au second tour des législatives. Quasiment le même résultat qu’au premier tour, après que l’ISIE aura fait des pieds et des mains pour aller au-delà des 8% annoncés dans un premier temps. Cette fois aussi les compagnons de Farouk Bouasker seront tentés de refaire 100 fois les calculs pour un taux de participation encore plus “honorable” que ce que disait hier le président de l’ISIE. Mais que ce soit 12, 13% ou même 30%, c’est de toute façon un échec cuisant et patent pour l’artisan de ces élections qu’il a valu très particulières, le chef de l’Etat, Kais Saied. Les ennuis, les gros, commencent.

Décidément le ridicule ne les tuera jamais

Dans toutes les démocraties du monde quand on est en-dessus de 50% dans un rendez-vous électoral on considère que quelque chose ne tourne pas rond, que le système est malade, que le pays est ankylosé. Mais en Tunisie on a tenté de nous faire croire au premier tour que ses 8-11% à lui sont plus sains que les “bons scores” d’antan. On est bien curieux de voir ce que Kais Saied va arguer cette fois…

En attendant les couteaux sont de sortie, déjà, dans les rangs faméliques de l’opposition. Les opposants, frappés de discrédit pour longtemps et peut-être pour toujours, ont osé montrer leurs gueules enfarinées dès hier soir pour faire valoir leurs droits à un gouvernement de sauvetage national, d’union nationale ou que sais-je encore. Tels les requins humant l’odeur du sang, ils se remettent à rêver du grand soir, à leur retour par la petite fenêtre après avoir été éjectés par la porte. Ils peuvent continuer à rêver.

Certes les Tunisiens ont un gros problème avec Saied, avec ses orientations, avec sa façon de faire, avec son absence de résultats après 18 mois de gouvernance effective. Mais les citoyens n’oublieront jamais le mal que ces partis et parties ont fait au pays. Personne n’a pas oublier que s’il y a eu la frappe du 25 juillet 2021 c’est à cause de ceux qui tenaient les rênes du pays depuis le départ précipité de Ben Ali.

Le ridicule, on le sait, ne tue pas, alors les bourreaux de la Tunisie reviendront, encore et encore, même si leurs rangs clairsemés durant toutes leurs manifestations démontrent qu’ils n’ont aucun avenir dans ce pays. Mais que voulez-vous, c’est le chef de l’Etat, par son silence et son absence incompréhensibles, qui ouvre un boulevard à ceux qui ont saigné à blanc et mis à genoux la République.

Ça méritait des directs dans le 20h!

Le cataclysme des législatives d’hier, méritait, à tout le moins, une prise de parole en direct dans le journal de 20h, comme cela se fait dans toutes les démocraties. Nous avions droit à une allocution solennelle, avec les bons mots, pour maintenir la flamme de l’espérance, pour dire à la nation qu’il y a des raisons de croire en notre destin commun, de bonnes raisons de parier sur notre avenir. Ce discours n’est pas venu…

Le chef de l’Etat parlera très certainement du revers des élections, mais ce sera à sa façon, quand il le voudra, il en parlera mais plus tard, trop tard sans doute pour que ça imprime dans la tête des Tunisiens. Il en parlera au détour d’un de ses entretiens avec ses ministres ou durant un Conseil ministériel, en malaxant ce sujet ô combien important avec ses emportements et diatribes contre les pilleurs et fossoyeurs de la République, toujours les mêmes.

Saied noiera le dossier de la démobilisation citoyenne avec des thèmes qui n’ont rien à voir avec ce que les Tunisiens attendent de lui. On ne l’a pas vu et entendu sur les élections d’hier, comme on ne l’a pas vu et entendu sur la dégradation de la note souveraine de la Tunisie par l’agence Mood’ys. Là aussi ça méritait un direct dans le 20h…

Mais voilà, le chef de l’Etat n’a pas jugé essentiel de s’adresser à la nation dans ces circonstances terrifiantes, où le pays est à seulement un cran de la tragédie libanaise. Encore une occasion manquée pour dire les mots qu’attendaient les citoyens. Plus grave encore : ces derniers n’étaient pas les seuls à les attendre, les partenaires et les bailleurs de la Tunisie également. Comment voulez-vous après tout ce qu’a dit Moody’s que les investisseurs continuent d’y croire si une parole forte ne vient pas calmer leurs inquiétudes très légitimes ?

Dans son rapport l’agence de notation pointe un problème de cap politique et de remous sociaux dans l’air, en plus du rendez-vous raté avec le FMI. Tout le monde sait que tout cela dépend d’une seule et même chose : Que Saied daigne tendre l’oreille vers ces mains tendues pour revoir en profondeur la trajectoire du pays. Après ça on pourra envisager un cap politique et économique capable de sortir le pays de l’ornière

Est-ce qu’on en prend le chemin ? Cela dépendra de ce que fera et dira le chef de l’Etat dans les tout prochains jours.

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