Diaspora

Avantages économiques et diplomatiques : Alger met Paris face à ses privilèges

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Les tensions entre la France et l’Algérie refont surface, cette fois autour des accords bilatéraux qui lient les deux pays. Alors que Paris exprime son mécontentement concernant la coopération d’Alger sur les questions migratoires, l’Algérie met en avant les avantages dont bénéficie la France sur son territoire, notamment en matière d’occupation immobilière et d’échanges économiques.

Des biens immobiliers loués à des conditions avantageuses

L’un des points soulevés par Alger concerne l’occupation de 61 biens immobiliers par la France sur le sol algérien, à des tarifs particulièrement avantageux. Parmi eux, le siège de l’ambassade de France en Algérie, situé sur 140 000 m² à Alger, bénéficie d’un loyer considéré comme symbolique au regard de sa superficie.

La résidence de l’ambassadeur français, “Les Oliviers”, s’étendant sur 40 000 m², a quant est louée au franc symbolique, un accord qui est resté inchangé de 1962 à 2023. Une générosité que la France ne concède en aucun cas à l’Algérie sur son propre territoire, d’après Algérie Presse Service.

Cette situation a récemment conduit le ministère des Affaires étrangères algérien à convoquer l’ambassadeur de France, Stéphane Romatet, afin d’aborder la question de ces baux, jugés déséquilibrés par Alger.

Des accords économiques profitant principalement à la France ?

Outre la question immobilière, l’Algérie met en avant l’accord de 1968, qui accorde aux ressortissants algériens un régime migratoire spécifique en France. Ce texte, parfois critiqué en France pour ses avantages accordés aux Algériens, a néanmoins favorisé l’intégration de travailleurs qui ont largement contribué à l’économie française depuis plusieurs décennies.

Un autre accord important est celui signé en 1994, encadrant les relations commerciales et les investissements entre les deux pays. Selon Alger, cet accord a avant tout permis aux entreprises françaises de bénéficier de conditions avantageuses pour opérer en Algérie, sans offrir de réciprocité aux entreprises algériennes souhaitant s’implanter en France. En effet, selon Algérie Presse Service, les sociétés algériennes ont rencontré des obstacles administratifs pour s’implanter en France.

Une diplomatie sous tension entre Paris et Alger

Les récentes critiques adressées par la France à l’Algérie sur les questions migratoires et diplomatiques suscitent des divergences au sein même du gouvernement français. Alors que le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, adopte un ton ferme en réclamant une coopération accrue d’Alger sur le retour des ressortissants en situation irrégulière, Bruno Retailleau va encore plus loin en menaçant de revoir en profondeur les accords bilatéraux, notamment celui de 1968, qui accorde un statut dérogatoire aux Algériens en France.

Pour sa part, François Bayrou, plus mesuré, rappelle que la fermeté ne signifie pas la rupture et insiste sur la nécessité d’un dialogue équilibré avec Alger, soulignant l’importance des liens historiques et économiques entre les deux pays. De son côté, Emmanuel Macron, malgré un discours oscillant entre fermeté et ouverture, semble éviter une confrontation directe, conscient que toute escalade diplomatique pourrait fragiliser d’autres axes de coopération bilatérale, notamment en matière de sécurité et d’investissements économiques.

Vers une révision des accords bilatéraux ?

Face à ces critiques, certains observateurs estiment que la relation entre Paris et Alger pourrait évoluer vers une redéfinition plus équilibrée des engagements réciproques. La France a récemment exprimé son souhait de revoir certains accords, notamment ceux liés à l’immigration. En réponse, Alger plaide pour une discussion plus large, prenant en compte l’ensemble des relations économiques, immobilières et diplomatiques entre les deux nations.

Si Paris et Alger souhaitent renforcer leur coopération, la réciprocité et la transparence des accords semblent être des éléments centraux des discussions à venir. La nécessité d’un dialogue ouvert et équilibré pourrait permettre aux deux pays de redéfinir leur partenariat sur de nouvelles bases, adaptées aux enjeux contemporains.

 

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