Economie

BAD – Tunisie : La reprise pourrait être ralentie par des tensions sociales

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Selon le rapport de la Banque africaine de développement (BAD), publié le 24 mai courant intitulé « Perspectives économiques en Afrique 2022 », le produit intérieur brut (PIB) de l’Afrique s’est fortement amélioré l’an dernier, mais les effets persistants de la pandémie de Covid-19, et la guerre russo-ukrainienne pourraient, prochainement, poser de sérieux problèmes…

Le PIB de l’Afrique a enregistré une croissance de 6,9% en 2021, selon les estimations, malgré une contraction de 1,6% en 2020, due à la pandémie, souligne le rapport.

De façon générale, la hausse des prix du pétrole et de la demande mondiale, ont contribué à conforter les fondamentaux macroéconomiques de l’Afrique, précise le rapport de la BAD mais en raison de la persistance de la pandémie et des pressions inflationnistes causées par la guerre Russie-Ukraine, la croissance pourrait ralentir à 4,1% en 2022 et rester « gelée » à ce niveau en 2023.

Le Groupe de la Banque africaine de développement a réagi à la probabilité d’une crise alimentaire imminente en lançant une Facilité africaine de production alimentaire d’urgence de 1,5 milliard de dollars, approuvée par le conseil d’administration du Groupe la semaine dernière.

Le thème des Perspectives économiques en Afrique de cette année est : « Favoriser la résilience climatique et une transition énergétique juste en Afrique », pour mettre en relief la menace grandissante sur les personnes et leurs moyens de subsistance en Afrique et faire écho à celui des Assemblées annuelles 2002 du Groupe de la Banque africaine de développement, c’est pourquoi l’édition 2002 du rapport est lancée à l’occasion de ces Assemblées, à Accra, au Ghana, note la banque.

Néanmoins, le rapport de la BAD a exposé dans sa partie « notes pays » une analyse succincte des développements macroéconomiques récents en Tunisie, les perspectives et risques, à ce titre, ainsi qu’un aperçu sur le changement climatique et les options des politiques publiques pour le pays.

Selon la note pays, la croissance du PIB en Tunisie devrait atteindre 2,5% en 2022 et 3,2 % en 2023. L’inflation devrait être plus élevée en 2022 en raison du conflit Russie-Ukraine, qui a provoqué une flambée des prix du pétrole et des denrées alimentaires sur les marchés mondiaux, elle devrait diminuer en 2023 grâce à une politique monétaire prudente et à l’apaisement des tensions inflationnistes extérieures.

Les projections de la banque montrent également une détérioration du déficit budgétaire et du déficit des comptes courants en 2022, avant une amélioration en 2023. Toutefois, les perspectives pourraient se dégrader en raison du risque élevé de surendettement, lequel pourrait avoir un impact négatif sur les entrées de capitaux et l’accès au financement extérieur.

En outre, la BAD considère que l’instabilité politique et la lenteur des réformes entraînent une réticence des bailleurs de fonds à soutenir financièrement le pays. La reprise pourrait également être ralentie par des tensions sociales causées par la hausse des prix dans un contexte économique difficile pour les ménages, par une politique fiscale restrictive pénalisant davantage les investissements publics, par une perte de confiance des investisseurs privés ou par de nouvelles variantes du COVID-19.

Le rétablissement de finances publiques viables, une gestion prudente de la dette et la disponibilité de denrées alimentaires de base à des prix abordables seront nécessaires pour atténuer les risques.

Au volet du changement climatique et options de politiques publiques, on note que la Tunisie se classe 130e sur l’Indice mondial des risques climatiques 2021. L’impact du changement climatique épuise les ressources en eau et provoque la perte de la biodiversité, la dégradation des côtes et la désertification.

Par ailleurs, on estime que l’agriculture, fortement soumise à des précipitations erratiques, est particulièrement vulnérable au stress hydrique. Plus de 3 000 ha de zones côtières urbaines sont menacés d’inondation par l’élévation du niveau de la mer. Pourtant, le pays progresse dans la réalisation de l’ODD 13 sur l’action climatique.

Pour amorcer sa transition énergétique, la Tunisie a lancé le Plan solaire tunisien qui, d’ici 2030, vise à réduire l’intensité carbone de 41% par rapport à 2010 et à atteindre une part de 30 % d’énergies renouvelables dans le mix énergétique, mais sa mise en œuvre a été retardée, évoque le rapport de la BAD. Une étude Eau 2050 est en cours et propose des mesures d’adaptation aux pénuries d’eau. Cependant, la mobilisation des ressources pour les fonds climatiques a été faible en raison d’un manque à la fois de personnel spécialisé dans les ministères et d’agences responsables.

Les projets actuels de l’Agence nationale pour la gestion de l’énergie visent à doter le pays d’instruments basés sur les mécanismes du marché pour lutter contre le changement climatique, tels qu’une taxe sur le carbone, des tarifs sur le carbone et des lignes de crédit. Les secteurs du ciment et de l’énergie seraient particulièrement appropriés pour tester ces instruments, conclut-t-on.

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Publié par
Mohamed Ben Abderrazek