Des milliers de Bangladais s’étaient massés ce dimanche 4 août au matin sur une place de Dacca, pour réclamer une fois de plus le départ de la Première ministre Sheikh Hasina. La manifestation a dégénéré, deux camps se sont affrontés, les forces de l’ordre ont tiré, c’est un carnage, au moins 77 décès…
Plus d’un mois après le déclenchement de la contestation contre les quotas d’emplois dans la fonction publique la grogne populaire ne faiblit pas, la répression sanglante aussi. C’est l’une des journées les plus meurtrières depuis que la jeunesse s’est soulevée contre son gouvernement. Les heurts opposent les manifestants qui exigent la démission de Sheikh Hasina, notamment la coalition étudiante – Students Against Discrimination – et les partisans du parti au pouvoir, la Ligue Awami.
Parmi les 77 morts de ce dimanche, d’après la police et les hôpitaux, il y a «au moins quatorze policiers» plus trois cents blessés, a indiqué le porte-parole de la police. La tragédie d’aujourd’hui porte à au moins 283 le nombre total des citoyens tués depuis le début de la contestation, en juillet dernier. Les camps rivaux ne se font aucun cadeau : coups de bâtons, de couteaux, etc. Entre les deux camps la police fait comme elle peut et souvent elle le fait mal, avec des tirs à balles réelles.
Un agent, sous le sceau de l’anonymat, a déclaré que toute la ville est devenue un «champ de bataille» et une foule de plusieurs milliers de manifestants a incendié des voitures et des motos aux abord d’un hôpital. Un des leaders de Students Against Discrimination, Asif Mahmud, chauffe ses troupes ce dimanche : ils doivent être «prêts à se battre (…). Préparez vos bâtons de bambou et libérez le Bangladesh», a-t-il posté sur Facebook.
L’accès à Internet a été coupé, un couvre-feu a été décrété et l’armée est partout, mais rien n’y fait. Pour corser l’affaire d’anciens gradés de l’armée se sont joints au mouvement de contestation des étudiants. L’ancien patron de l’armée bangladaise, le général Ikbal Karim Bhuiyan, est allé jusqu’à changer sa photo de profil sur Facebook, désormais on y voit un fond rouge en signe de ralliement au soulèvement.
47 entreprises du secteur textile, lequel pèse lourd dans l’économie nationale, se sont dites «solidaires» ce dimanche du mouvement de contestation. «Nous ne pouvons pas rester silencieux et regarder des innocents perdre la vie et des revendications qui ne sont pas entendues», ont-elles mentionné dans un communiqué conjoint.
Rappelons que la contestation est née en juin dernier, suite à l’instauration d’un système qui réserve à certains candidats plus de la moitié des postes de la fonction publique, dont près d’un tiers aux descendants d’anciens combattants de la guerre d’indépendance du Bangladesh. Avec près de18 millions de jeunes Bangladais au chômage, selon les chiffres officiels, cette mesure a choqué les diplômés. Ils soupçonnent les autorités de chouchouter les proches de la Ligue Awami, le parti de la Première ministre.
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