Economie

BCT : Les crédits douteux des particuliers augmentent

BCT : Les crédits douteux des particuliers augmentent

Selon le dernier rapport annuel sur la Supervision Bancaire de la Banque Centrale de Tunisie (BCT), en 2020, la qualité du portefeuille crédit n’a été que partiellement affectée par les retombées de la crise sanitaire grâce aux mesures de soutien aux agents économiques prises par l’institut d’émission concernant le report des échéances sur les crédits aux professionnels et aux non professionnels.

Toutefois, le rapport enregistre une part des créances classées de 13,6% en 2020, soit un niveau comparable à celui de 2019, en lien avec les opérations de cession et de radiation des créances pour 491 millions de dinars (MD).

La structure des engagements classés ou douteux par classe n’a pas changé par rapport aux années précédentes avec une prépondérance de la classe 4 (classe des créances compromises) qui représente 86,4% des créances classées.

On indique, sous cet angle, que malgré l’amélioration des paramètres de défaut, l’importance de la part des créances classées demeure un défi majeur pour les banques tunisiennes. En effet, en dépit de sa baisse au cours des quatre dernières années, la part des créances classées dans le total engagement demeure élevée (aux alentours de 12%) ce qui nécessite une stratégie nationale de résolution de l’ancien stock des créances classées.

La part des créances classées sur les crédits aux particuliers ne cesse d’augmenter au cours de ces dernières années passant de 6,5% à fin 2019 à 6,9% à fin 2020, souligne le rapport tout en assurant que la ventilation des créances classées par secteur d’activité montre, au même titre que l’année précédente, une concentration sur les secteurs industriel et touristique qui accaparent 45,2% de l’encours des créances classées.

Il est à noter que d’après une récente analyse publié par le magazine « The Banker », le secteur bancaire tunisien, dominé par des institutions publiques, est confronté à un certain nombre de risques alors que l’économie continue de stagner, notamment en raison de leur forte exposition à la dette publique. Bien que la rentabilité reste élevée, les niveaux croissants de prêts non performants (NPL) du secteur et les faibles réserves de fonds propres pourraient entraîner des problèmes dans un proche avenir à mesure que les perspectives économiques se détériorent.

Trois des quatre plus grandes banques du pays en termes d’actifs à la fin de 2020 – la Banque nationale agricole, la Banque de l’Habitat et la Société tunisienne de banque – sont détenues par l’État représentaient 40 % des actifs bancaires et 34% des dépôts du secteur en 2019.

Un retour aux niveaux de rentabilité d’avant la pandémie est peu probable dans un avenir proche, selon une note d’octobre de Fitch, l’agence de notation prédisant que la faiblesse des conditions de crédit poussera le provisionnement. Et l’exposition des principaux prêteurs à des niveaux élevés de dette publique pourrait être source de problèmes pour le secteur dans les années à venir.

Les NPL sont élevés dans l’ensemble du secteur depuis un certain temps, oscillant autour de 13% au cours des trois années précédant 2020, et juste au-dessus de 10% pour les grandes banques. Le ratio global de NPL du secteur est passé à 13,8% en juin 2021, mais ce chiffre ne dit pas tout, affirme-t-on.

Les analystes s’accordent à dire que les ratios de capital parmi les principaux prêteurs sont faibles, compte tenu des risques liés à la qualité des actifs des banques et des vulnérabilités économiques de la Tunisie, en particulier parmi les PME et les entreprises publiques.

Le ratio de fonds propres requis par la BCT pour les banques tunisiennes est fixé à 10 %, et certains soutiennent que ce n’est pas suffisant. Selon Fitch, les nouvelles normes comptables IFRS 9 entreront également en vigueur fin 2021, les indicateurs de qualité des actifs étant susceptibles de s’éroder davantage, nécessitant un nouveau provisionnement.

Face à de tels défis et à l’expiration des mesures d’allégement de la dette mises en place à la suite de la pandémie, Fitch a abaissé ses perspectives sur les banques tunisiennes à négatives de stables en octobre.

L’agence de notation Moody’s a emboîté le pas le même mois, annonçant une dégradation des notes des dépôts bancaires à long terme de quatre banques tunisiennes. Elle a attribué cette décision à l’environnement opérationnel de plus en plus difficile des banques, ainsi qu’à l’affaiblissement du profil de crédit du gouvernement.

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